Vers des traitements ultra-ciblés

La médecine personnalisée est dans l’air du temps : elle met la notion d’individu au cœur de sa stratégie.

Les patients veulent sentir qu’ils ne sont pas qu’un numéro de plus sur une liste. Ils exigent, tout au long de leur parcours de santé, une attention particulière et surtout ils sont prêts à payer pour l’obtenir.

Les laboratoires ont parfaitement compris leurs besoins et font tout leur possible pour proposer désormais des traitements ultra-ciblés, qui prennent en compte le profil biologique d’un groupe de patients très restreint. Ce nouveau marché « de niche » semble séduire le public, désireux de trouver de nouvelles solutions.

L’exemple d’Amgen est assez éloquent sur ce sujet. En septembre 2013, cette biotech qui se place au premier rang mondial a acheté Onyx, spécialiste des thérapies individualisées, pour la somme de 7,3 milliards d’euros. Cela prouve que les acteurs du marché ont à cœur de faire face à la demande des patients.

D’autant que la médecine personnalisée présente la vertu de l’efficacité. Dans la mesure où  elle colle au plus près de l’identité médicale du patient, les risques d’effets secondaires s’en trouvent amoindris et les taux de réponse aux traitements, eux, s’élèvent. Novartis a ainsi connu un franc succès sur la leucémie myéloïde chronique. Avant le Glivec, 20 % des patients étaient encore en vie six ans après le diagnostic, aujourd’hui, la statistique frôle les 90 %.

Le modèle économique qui accompagne cette stratégie est toutefois radicalement différent de ce dont les laboratoires ont l’habitude : plus la recherche avance, plus la cible concernée est réduite.

Précisément, cette recherche a un coût. Et la rareté fait augmenter les prix. Pfizer a été confronté à cette question lorsqu’il s’est agit de rentabiliser les investissements réalisés pour développer  Xalkori, un anticancéreux très spécifique.

En Europe, les autorités de santé n’acceptent pas toujours de rembourser ces médicaments. De l’autre côté de l’Atlantique, les patients sont divisés entre deux catégories : ceux qui peuvent payer une mutuelle qui prend en charge quasiment tous les frais de santé et les autres.

Les laboratoires, eux, estiment que la médecine personnalisée se traduira par un apport en santé et par des économies : in fine, le traitement étant plus efficace et mieux ciblé, il n’est pas administré inutilement. Selon les chiffres de la Personalized Medicine Coalition, 38 % à 75 % des patients reçoivent des médicaments qui ne correspondent pas tout à fait à leurs besoins, ce qui se traduit par des coûts supplémentaires aussi bien pour les patients que pour la sécurité sociale. Il convient donc de penser sur le long terme !

 

Sources :

http://www.usinenouvelle.com/article/la-medecine-personnalisee-remede-miracle.N204563

http://www.inserm.fr/thematiques/cancer/dossiers/la-medecine-personnalisee-du-cancer-a-portee-de-mains