Produire en France : est-ce bien raisonnable ? Exemple avec ALK

Produire des médicaments en France, investir sur des sites de production locaux innovants : oui, c’est possible. Les clés du succès sont précieuses et doivent impérativement aller de pair avec un soutien des autorités. Mais pour combien de temps ?

LEO Pharma, acteur majeur en dermatologie et  dans la thrombose, et ALK, expert dans le diagnostic et le traitement des allergies par désensibilisation, possèdent quelques points communs. Toutes deux issues de maisons mères danoises, ce sont deux entreprises du médicament détenues par des fondations. Un statut qui leur offre une indépendance en termes de stratégie R&D et d’investissements industriels. Leurs dirigeants, Guillaume Clément et Denis Delval, sont tous deux membres du CRIP. Enfin, ces deux entreprises illustrent la réussite de la production industrielle en France.

Faire figure d’exemple

Pour le laboratoire ALK France, également filiale d’un groupe danois, la production française est également un succès. Le groupe a dépensé 20 millions d’euros de 2011 à 2013 afin d’implanter en France la production européenne des produits sublinguaux actuellement réalisée en partie en Espagne. Le site français est devenu le site de référence du groupe pour la production des médicaments sublinguaux. En 2008, ALK France comptait 180 employés dont 150 en production. En 2012, ce sont plus de 260 personnes dont 210 en production qui font partie de la filiale française. Pourquoi le groupe a-t-il misé à ce point sur la production française ? Denis Delval, Directeur Général d’ALK France, invoque plusieurs raisons. La 1ere raison : le site récent, offrant une grande qualité technique, a constitué un avantage devant l’Espagne. Enfin deuxieme atout : « les ressources humaines performantes, qualifiées pour les spécialités en question, et bien sûr  la prise en compte de l’investissement industriel en France comme le souligne le dernier CSIS » ajoute Denis Delval. Avec ce lot de points forts, le site de production français fait figure d’exemple pour l’ensemble du groupe.

Mais la France restera-t-elle accueillante ?

Pour le DG d’ALK, les décisions du dernier CSIS (conseil stratégique des industries de santé) ont fait pencher la balance vers le choix français : « Le CSIS a reconfirmé de façon claire que les investissemments vers l’outil industriel en France et les embauches seront pris en compte. » Un détail capital lorsqu’une maison mère fait de l’usine française son site de production référent. « Il est essentiel que le prix attribué pour le marché français ne créé pas des dommages collatéraux pour l’entreprise dans les autres filiales », ajoute-t-il. Des réflexions stratégiques qui doivent s’inscrire dans la durée pour une pérennité des investissements dans l’industrie française.

Le CRIP, à travers ses membres, représente 6000 travailleurs dans l’industrie du médicament, dont plus de 2000 en production. Le cercle de réflexion des industries pharmaceutiques espère pouvoir continuer à faire rayonner la France à travers le monde. A bon entendeur.