Alors que l’enquête « Vos médicaments et vous » conçue par le Pr Catherine Tourette-Turgis, en partenariat avec Pfizer* nous révèle que 82% des patients déclarent avoir confiance en leurs médicaments, l’observance reste une problématique lourde pour les soignants et les malades. Oubli, modification du traitement ou non-prise intentionnelle des médicaments : plus d’un quart des patients sont concernés.
Quel rapport entretiennent les malades chroniques avec leur traitement ? L’enquête nationale sur l’observance intitulée « Vos médicaments et vous » soulève la question et souligne l’ambivalence des patients vis-à-vis de leur prise de médicaments. Si une très grande majorité des personnes interrogées est en effet consciente de l’importance du suivi de leur traitement, les oublis et modifications de prise de médicaments sont encore une pratique très courante et un tiers des participants à l’enquête estiment que la prise de leur traitement constitue une gêne dans le déroulement de leur activité quotidienne.
Ainsi, 44% des malades chroniques déclarent oublier quelquefois de prendre leur traitement, 29% ont modifié leur traitement eux-mêmes et 18% des répondants n’ont pas pris leur médicament de façon intentionnelle « lors des quinze derniers jours ».
Une non-observance accrue pour les patients ayant au moins cinq médicaments à prendre
Fait intéressant, cette non-observance n’est pas liée à une catégorie particulière de malades : tous les patients sont concernés par l’oubli de leur traitement, indépendamment de leur pathologie (50% des patients atteints d’une maladie cardiaque, 43% des personnes touchées par une spondylarthrite, 34% de ceux atteints de cancer).
En revanche, le rapport au traitement a un impact sur l’observance : plus les personnes interrogées disent « détester » leurs médicaments, plus elles ont tendance à oublier de les prendre comparées à celles qui se disent « attachées à leur médicament ».
De même, le nombre de médicaments prescrits a une influence : 37% des patients ayant cinq médicaments à prendre ou plus ont déjà oublié de prendre leur traitement, contre 16% de ceux n’en prenant qu’un seul.
Quant à la pratique de la modification du traitement, elle concerne majoritairement les femmes et les patients de moins de 60 ans. Dans près de la moitié des cas ces patients réduisent les doses qui leur ont été prescrites, et dans plus d’un tiers des cas ils les augmentent.
Comment aider les patients à suivre leur traitement ?
L’enquête révèle que plus la non-observance est importante, plus les patients en parlent avec leur médecin. Ainsi, 80% des malades concernés échangent avec leur médecin lorsqu’ils n’ont pas pris leur traitement, un chiffre qui descend à 43% lorsqu’il s’agit d’avoir « seulement » raté une ou deux prises.
Alors que le coût évitable des complications dues à la mauvaise observance des traitements s’élèverait à 9 milliards d’euros chaque année en France** et qu’un million de journées d’hospitalisation par an seraient induites par la non-observance***, l’étude souligne qu’il est primordial d’écouter ces patients et de renforcer l’aide dont ils pourraient bénéficier au quotidien pour respecter la prise de leur traitement. Quand on demande aux malades concernés sur qui ils pourraient compter pour mieux suivre leur traitement, ils citent majoritairement leur conjoint (35%), juste devant leur médecin (32%). Plus d’un patient sur cinq souligne également l’importance des proches tandis que 14% évoquent le possible rôle à jouer des pharmaciens.
*Cette enquête repose sur un sondage auto-administré sur le Web (96 questions pour le chemin le plus long, celui-ci variant selon les réponses apportées aux questions conditionnelles). L’enquête a été promue par les associations de patients via leurs site Internet, leurs newsletters et sur leurs réseaux sociaux. La phase terrain s’est déroulée du 1er au 17 octobre 2014. 1473 personnes ont participé au sondage et 1 086 personnes ont intégralement complété le questionnaire. 1339 ont précisé la maladie chronique qui les touche et ont été retenues pour l’analyse des résultats.
** « Améliorer l’observance : traiter mieux et moins cher », Etude IMS Health – CRIP, novembre 2014
***« L’observance des traitements : un défi aux politiques de santé », Livre Blanc de la Fondation Concorde, mars 2014
Source : Enquête Pfizer