Observance chez les diabétiques : « Le rôle des pharmaciens est essentiel »

Observance chez les diabétiques : « Le rôle des pharmaciens est essentiel »

Alors que 37% des diabétiques ne prennent pas leur traitement, le pharmacien pourrait assurer un rôle clef dans le suivi des patients atteints par cette maladie chronique. C’est ce que met en exergue l’étude DiabPharmObserv, menée à l’initiative de Lifescan. Entretien avec le Pr Pierre Fontaine, chef du service de diabétologie du CHRU de Lille (Nord) et responsable de cette étude.

 Comment a été menée l’étude DiabPharmObserv ? Quel était son objectif ?

La profession de pharmacien revendique une place légitime dans l’accompagnement des maladies chroniques et dans l’information et l’éducation des patients. Les 22 000 pharmacies présentes en France sont autant de points où les patients chroniques se rendent très régulièrement. C’est donc une porte d’entrée précieuse pour l’éducation thérapeutique, notamment auprès des patients diabétiques de type 2 (3,4 millions de personnes sont concernées en France). Nous avons pour cette étude travaillé avec 14 pharmaciens d’officine des Hauts-de-France qui ont chacun enrôlé 4 ou 5 patients volontaires, en collaboration avec la maison du diabète de Lille. L’objectif : aider ces patients à mieux gérer leur auto-surveillance, à améliorer l’usage de leur lecteur de glycémie et l’interprétation des résultats de ce dernier.

Comment ont été réalisés ces entretiens individuels avec les patients ?

Dans un cadre de confidentialité, le pharmacien a posé des questions ouvertes au patient : sur son utilisation du lecteur de glycémie (comment l’utilise-t-il, depuis combien de temps), sur ses déterminations glycémiques (comment fait-il ces déterminations, à quel moment de la journée, que fait-il des résultats). L’objectif étant de faire émerger les points de difficulté des patients et d’y répondre avec des conseils personnalisés. Souvent, les patients ont reçu toutes les informations nécessaires lors de la prescription de leur traitement, mais les ont depuis oubliées. Or l’éducation, c’est avant tout la répétition. Il s’agit donc de bien diffuser les informations sur l’auto-surveillance, pour assurer une meilleure observance.

 Quels ont été les retours des pharmaciens impliqués dans l’étude ?

Nous avons eu des retours très positifs de la part des pharmaciens, qui ont eu un vrai rôle d’accompagnement dans la prise de traitement. De même, les médecins traitants interrogés sur ce sujet se sont dits favorables à ce type d’accompagnement qui ne vient pas interférer avec leur propre suivi mais qui est perçu comme un complément d’information et d’éducation thérapeutique du patient. Cette étude confirme qu’il existe un espace d’intervention pour le pharmacien dans le suivi de traitement des patients, à condition évidemment d’une coordination avec les médecins. Par ailleurs la majorité des patients ont déclaré avoir modifié leur façon de réaliser leur auto-surveillance, il y aurait donc un vrai bénéfice pour les malades.

 Quel est l’objectif pour la suite ?

Nous souhaitons faire entrer pleinement le pharmacien dans le parcours de soin, en lui attribuant une vraie mission de santé publique et en dépassant son rôle de distributeur de médicaments. Cette notion de parcours de soin est déjà inscrite dans la loi de modernisation du système de santé de Marisol Touraine : il s’agit désormais d’y intégrer les pharmaciens.