Une nouvelle génération de médicaments plus efficaces pourrait voir le jour. Grâce à une modification chimique appelée « deutéronisation », ils seraient capables d’échapper au mécanisme d’élimination par le métabolisme et de rester ainsi actifs plus longtemps.
« Deutéroniser » un médicament, une formule qui deviendra bientôt répandue dans l’industrie pharmaceutique ? Des centaines de brevets auraient déjà été accordés pour des versions optimisées de médicaments obtenues grâce à un positionnement d’atomes différent, permettant de prolonger la durée de vie d’un médicament dans l’organisme.
Le fonctionnement
Cette modification chimique vise à ajouter un neutron aux noyaux d’atomes d’hydrogène qui composent la molécule, doublant ainsi la masse de l’atome pour créer le deutéron. Lorsque la molécule pénètre dans l’organisme, elle doit traverser une barrière biochimique qui cherche à la décomposer, provoquant ainsi la perte d’une partie du comprimé en fragments inutiles ; le fait de modifier les atomes d’hydrogène avec le deutéron permettrait de solidifier la molécule et de ralentir le processus d’élimination.
Les médicaments concernés
Si ce procédé est à l’étude depuis les années 1970, c’est seulement aujourd’hui que les premières mises sur le marché pourraient avoir lieu. En septembre dernier, la FDA (Food and Drug Administration, Agence américaine du médicament) a reçu une demande d’autorisation de mise sur le marché d’un médicament deutéronisé, le SD-809, dont la version actuelle est prescrite pour lutter contre la paralysie causée par la Chorée de Huntington. De nouveaux acteurs émergent ainsi dans l’industrie pharmaceutique pour « deutéroniser » des médicaments existants : un médicament pour traiter Alzheimer, un autre pour le cancer, ou encore le GHB, substance utilisée pour traiter les troubles du sommeil, auront bientôt leur version « premium » avec une promesse d’efficacité accrue.
À terme, entre 5 et 10% des médicaments pourraient subir cette modification chimique, selon les estimations du chimiste Graham Timmins, de l’université du Nouveau Mexique, cité par le Nouvel Économiste. Une petite révolution qui doit encore faire ses preuves auprès des autorités de mise sur le marché et du grand public.