La télémédecine, un marché français en berne

La télémédecine, un marché français en berne

Le nombre de médecins généralistes a baissé de 8,4% entre 2007 et 2016. Or, la télémédecine pourrait aider les professionnels de santé à améliorer l’efficacité du parcours de soin, surtout dans les déserts médicaux.

Le marché de la télémédecine ne décolle pas en France

Pour le moment, le marché de la télémédecine ne décolle pas en France et se résume à une poignée de projets pilotes. Depuis 2014, les professionnels de santé de neuf régions expérimentent trois formes d’interaction entre les médecins et les patients avec le programme ETAPES, prévu jusqu’en décembre 2018. Certaines expériences sont néanmoins largement diffusées, à l’image du dispositif « Télé AVC » pou une évaluation à distance et en temps réel de l’AVC déjà présent dans plus d’une centaine d’établissements. L’examen médical se fait à distance (téléconsultation), via des services de transferts de données sécurisés et de visioconférences entre le spécialiste (neurologue, radiologue et neuro-radiologue) et l’assistance sur place d’un médecin urgentiste pour émettre un diagnostic.
Le Conseil national de l’ordre des médecins souhaite une généralisation de cette pratique et qui réclame une « simplification de la réglementation de la télémédecine pour qu’elle soit intégrée concrètement dans les parcours de soins des patients et les pratiques quotidiennes des médecins ».

Les start-ups parient sur une accélération de la télémédecine en France

En France, l’année dernière, la télé-médecine a généré 271 millions d’euros de recettes contre 381 millions d’euros en Allemagne. Les start-ups françaises espèrent que le plan e-Santé 2020, lancé par Marisol Touraine l’année dernière, leur ouvrira plus largement le marché français. Ce plan évoque le déploiement des « plateformes de services » et l’article 54 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 engage l’État à financer les expérimentations de télé-médecine et à les élargir à l’ensemble du territoire.
Plusieurs start-up françaises expérimentent leurs dispositifs dans des établissements médicalisés. Par exemple en Centre-Val de Loire, la région la plus touchée par la désertification médicale, un EHPAD où la moitié des résidents est hospitalisée utilise une valise de télémédecine qui vérifie les constantes vitales (ECG, SpO² et PNI). Les informations récoltées sont envoyées et traitées par des médecins en fonction de leur spécialité et le Samu peut déclencher à distance une intervention d’urgence. Entièrement financée par l’Agence régionale de la santé (ARS), cette opération a pour objectif d’optimiser la prise en charge médicale des résidents dans une zone rurale où l’on compte parfois 10 % à 0 % de médecin généraliste pour 100.000 habitants.

L’incitation tarifaire pourrait accélérer cette dynamique

L’assurance maladie propose que les télé-consultations, c’est-à-dire les consultations à distance par vidéo transmission sécurisée entre un patient et son médecin, soient rémunérées 25 € pour un médecin généraliste et 30 € pour un spécialiste. À ces paiements à l’acte pourront s’ajouter 350 € par an de « forfait structure » pour équiper le cabinet du matériel adapté.
Concernant la télé-expertise, ou la demande à distance par un professionnel de santé d’un second avis médical, deux niveaux de rémunération seraient définis :
– la télé-expertise simple pour un avis rapide fourni après l’analyse d’un document technique serait rémunérée 12 € par avis avec un maximum de 4 avis par patient et par an.
– la télé-expertise plus approfondie serait rémunérée 20 € par an et limitée à 2 avis par patient.
Pour la Fédération des hôpitaux de France (FHF), cette incitation financière est insuffisante. Selon l’organisation : « Les rémunérations actuelles ne les poussent pas à faire le choix des télé-consultations, plutôt qu’un accueil en séjour hospitalisation ou en urgence. ».
Le gouvernement table sur 500.000 actes de télémédecine en 2019, un million en 2020, puis 1,3 million en 2021. Cependant, le pari est loin d’être gagné : moins de 260.000 actes ont été réalisés en 2015.

 

Sources : 

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/chimie-pharmacie/telemedecine-au-ces-2017-les-startups-francaises-entrent-en-competition-628226.html

https://www.lci.fr/sante/la-teleconsultation-va-t-elle-remplacer-votre-visite-traditionnelle-chez-le-medecin-sante-medecine-hopital-2076309.html