Voici la réaction de Pascal Brossard, Directeur Général de Zambon et Président de l’Afipa, à l’appel à la mise en place d’un parcours de soin pharmaceutique par l’association Coopération santé, lors du colloque consacré à la « pharmacie de demain » (voir article).
S’il y a un sujet qui semble de plus en plus faire consensus dans le monde de la santé c’est bien celui de la refonte des différents parcours de soins.
Il semble acquis que notre système serait plus efficient (c’est-à-dire plus efficace pour un moindre coût) si les patients avaient un réel parcours de soins évitant les doublons et permettant d’adapter la qualification du professionnel de santé au réel enjeu de santé rencontré.
Pour ce qui concerne les pathologies bénignes et bien connues, touchant les personnes en bonne santé, il semble vraiment inutile de faire intervenir systématiquement un médecin généraliste pour un problème qui pourrait être traité par un professionnel de santé plus disponible et moins coûteux pour la collectivité
Comme dans beaucoup de pays occidentaux, les patients devraient, avant toute autre démarche, se rendre dans une pharmacie (voire chez une infirmière dans certains pays) pour traiter des symptômes apparemment bénins puis être orientés vers un médecin généraliste si nécessaire.
C’est ce qu’on appelle la première étape du parcours de soins pour les pathologies bénignes.
Dans le système français, le pharmacien d’officine est parfaitement adapté pour jouer ce rôle. C’est un professionnel de santé capable de donner un conseil de qualité, il est disponible 24 heures sur 24 avec le système des gardes et sa rémunération est raisonnable.
C’est la vision également des industriels de l’automédication réunie sous la bannière de l’AFIPA qui défendent cette position depuis de nombreuses années, d’autant plus que différentes études menées par cette organisation ont montré que selon les médecins généralistes eux-mêmes, 12% des consultations pourraient être prises en charge à l’officine. Ce parcours de soins direct , s’il était couplé avec des mesures favorables au développement de l’automédication (délistages, déremboursements, formation des équipes officinales et information des patients…) seraient de nature à faire économiser à la Sécurité Sociale plusieurs centaines de millions d’euros par an et surtout de remettre chacun dans son rôle : Le pharmacien comme première étape du parcours de soins pour les pathologies bénignes, le médecin généraliste pour les pathologies plus sévères, les pathologies chroniques et les patients fragiles et les urgences pour les ….urgences !!!!
Malheureusement les récents chiffres 2014 publiés par l’AFIPA montrent bien qu’en l’absence de volonté politique, il ne peut y avoir d’amélioration de nos pratiques. Effectivement ni la loi de Santé Publique ni les annonces de notre ministre ne vont dans le sens d’un développement de ce parcours de soin, contrairement à nos voisins européens et aux Japonais qui ont compris depuis longtemps la force du bon sens dans ce domaine.
Source : Interview de Pascal Brossard