Lire la vidéo

La téléconsultation se développe lentement, faut-il s’en inquiéter ou s’en réjouir ?

La téléconsultation se développe lentement,
faut-il s’en inquiéter ou s’en réjouir ?

 

A la suite de la signature de l’avenant 6 à la convention médicale signée en août 2016, les médecins peuvent désormais facturer les téléconsultations à l’Assurance Maladie. Les assureurs et les pharmaciens investissent dans ce service dont le taux d’usage ne dépasse pas 1% aujourd’hui.

 

La téléconsultation, utile mais peu utilisée

Selon Europ Assistance, 65 % des téléconsultations sont effectuées par une clientèle féminine autour de la quarantaine, active et citadine. Une téléconsultation dure en moyenne environ 20 minutes et jusqu’à 40% des demandes aboutissent à l’émission d’une ordonnance. Pour ce qui est des motifs de consultation, un trio de tête se dégage : ORL, pneumologie et infectiologie.

Le dossier médical partagé, outil principal de la télémédecine, centralise les informations personnelles et permet un meilleur suivi des patients et une meilleure gestion dans les établissements hospitaliers. La médecine à distance semble la meilleure solution dans les déserts médicaux comme par exemple en Centre-Val de Loire, avec 66,4 médecins généralistes pour 100 000 habitants contre 78,9 en France métropolitaine. En un an, 6 cabinets de téléconsultation y ont été créés et 500 consultations réalisées par une infirmière.

En revanche, 55% des Français interrogés s’inquiètent que l’on ne respecte plus le sacro-saint secret médical lors des téléconsultations. Cette crainte et le manque de sensibilisation des professionnels de santé pourraient expliquer le manque d’engouement pour ce nouvel outil qui connaît une timide montée en charge. Selon l’Assurance Maladie, en 2018 le nombre moyen d’actes se situait en-dessous de 200 actes par semaine tandis qu’il dépasse désormais la barre des 700 actes hebdomadaires.

La télémédecine, une révolution en addictologie

Selon le rapport « Addictions : la révolution de l’e-santé » (mai 2019), l’e-addictologie contribuerait largement à améliorer les prises en charge des conduites addictives. Beaucoup de Français utilisent au quotidien des produits psychoactifs : 13 millions fument, 5 millions consomment de l’alcool et 700 000 du cannabis. Moins de 20 % bénéficient d’un traitement. Pour combler ce fossé, la téléconsultation, jugée « encore trop faible » en psychiatrie par le co-auteur du rapport Pr Michel Reynaud, est un outil à plébisciter.

En France, seule la start-up Doctoconsult propose aux patients de téléconsulter un psychiatre et d’être remboursé si le professionnel a été rencontré de visu au moins une fois au cours de l’année écoulée.
3 000 téléconsultations ont été réalisées en moins de 2 ans pour une prise en charge de tout type de pathologies psychiatriques par 150 psychiatres dont 20 addictologues.

Pour aller plus loin, l’usage d’objets connectés ou d’applications pour le suivi du patient s’avère utile. Aux États-Unis, les applications ReSET et A-CHESS, reconnues comme thérapies numériques et remboursées, permettent au praticien de voir la consommation de son patient. Ces applications diminuent de moitié le taux de rechute et augmentent de 50% le taux de suivi dans les premiers mois.

La téléconsultation plébiscitée par les assureurs et les pharmaciens

Aujourd’hui, les vingt premiers assureurs du marché proposent la téléconsultation, devenue un standard comme l’assistance. Europ Assistance table sur 10 000 téléconsultations par an à fin 2019, et désormais les mutuelles et les complémentaires suivent le pas.

Son usage est dérisoire, mais c’est un argument de taille dans la négociation de contrats collectifs avec les entreprises. Pour Stéphanie Hervier, cofondatrice de Medaviz, la communication aide à son développement : « Les entreprises valorisent la téléconsultation comme un service de ressources humaines, comme les tickets restaurant… La moitié des collaborateurs s’inscrivent. ».

Fin décembre, plusieurs syndicats ont signé le 15e avenant à la convention nationale pharmaceutique : toutes les pharmacies peuvent proposer une téléconsultation à condition de disposer d’un espace de confidentialité avec visioconférence. Ils devront également être équipés d’un stéthoscope connecté, d’un otoscope connecté, d’un oxymètre et d’un tensiomètre.
Si la valeur ajoutée de la pharmacie réside dans son conseil et sa proximité avec la population, le développement des services comme la téléconsultation permet aux officines de se différencier face à la concurrence des achats sur internet en renforçant la relation humaine et l’expérience client.

 

Sources :