Lire la vidéo

La nouvelle donne de la distribution de médicaments en France

La nouvelle donne de la distribution de médicaments en France

 

L’Autorité de la concurrence recommande d’élargir la vente de médicaments sans ordonnance à la grande distribution et de faciliter leur achat en ligne. Cela donne l’occasion de faire un point sur les nouveaux enjeux de la distribution des médicaments en France et sur le rôle des officines à l’avenir.

 

La vente de médicaments en grande distribution, bientôt autorisée ?

Cette mesure concernerait exclusivement les médicaments vendus sans ordonnance, les traitements contre les rhumes ou les maux de gorge, et les dispositifs de diagnostic in vitro (dépistage VIH, glycémie). Ils seraient vendus dans des espaces dédiés au sein des grandes surfaces, avec la présence obligatoire d’un pharmacien sur place. Cette compétition entre officine et grande distribution inquiète l’Ordre des médecins et les syndicats de la profession.
L’Autorité de la concurrence assure pourtant qu’elle refuserait l’installation d’un tel dispositif si elle fragilisait une officine voisine dans une situation financière délicate. Selon elle, cette décision permettrait de faciliter l’accès aux médicaments. En effet, dans les pays européens ayant autorisé cette libéralisation, les prix des produits ont baissé de 10 à 15%.
Aujourd’hui, en s’opposant à cette idée, la ministre de la Santé Agnès Buzyn redoute elle aussi une fragilisation du réseau des pharmacies en milieu rural.

La vente en ligne de médicaments, à favoriser ?

Pour l’achat en ligne, l’Autorité de la concurrence plaide pour un meilleur référencement des sites des officines physiques. La France est en retard dans ce domaine : seul 1 % de vente en ligne contre 15 % en Allemagne. Il reste plusieurs blocages à lever : l’obligation d’entreposer ses stocks à proximité de l’enseigne, un site web ultra-normé et l’interdiction de faire du référencement payant sur Google. Chez nos voisins européens, ces contraintes sont assouplies voire quasi-nulles.
L’objectif annoncé : faire baisser les prix en laissant faire la loi du marché basé sur l’offre et la demande. Inutile selon l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’officine qui annonce une baisse de 0,77% des prix des médicaments sans ordonnance l’an dernier. Ils sont déjà parmi les plus bas d’Europe : 30% moins chers qu’en Italie, 20% moins élevés qu’en Allemagne.
La vente de médicaments en ligne aurait également peu d’intérêt dans un pays avec un fort maillage territorial où l’on compte une pharmacie pour 3068 habitants.

Un nouveau modèle économique pour les pharmaciens

À l’ère de l’E-santé, les pharmaciens français doivent s’engager dans un nouveau modèle économique pour distribuer des traitements. Le développement d’outils de télémédecine et de télédiagnostic en officine demande des investissements. Pour les supporter, l’Autorité de la concurrence préconise l’ouverture du capital à des partenaires extérieurs. Cela faciliterait aussi l’installation de jeunes diplômés, souvent obligés de s’endetter pour racheter une licence auprès de l’Agence Régionale de Santé.
Par ailleurs, en plein débat sur la loi Santé 2022, il est question d’un « panier de soins de base ». Les pharmaciens pourraient ainsi fournir les premiers traitements pour des pathologies comme la cystite, la conjonctivite ou l’eczéma. C’est déjà le cas en Suisse où 20 % des officines proposent ce service.

 

Sources :