Déremboursements : les bonnes intentions ne paient pas

Pascal Brossard, membre du CRIP et par ailleurs président de L’AFIPA, association regroupant les principales entreprises du domaine de l’automédication, réagit ici à l’article “l’impact des déremboursements des médicaments : une baisse de coûts et des effets inattendus.”

 

La récente étude IRDES sur les déremboursements, au demeurant très intéressante, n’est cependant pas une surprise. Tous ceux qui ont connu l’expérience de déremboursements ont pu noter, statistiques à l’appui que la plupart des médecins transfèrent  leurs prescriptions de produits déremboursés sur d’autres produits remboursés, probablement mais cela reste à vérifier, sous la pression de leurs patients

Les conséquences sont paradoxales ; Peu d’économies  (le plus souvent, les médicaments déremboursés sont déjà peu chers) et un vrai risque de santé publique (commentqualifier autrement ce transfert de médicaments d’actionmucolytiquevers des antitussifs d’action centrale (agissant  au  niveau du Système nerveux Central) ou ldes anti H1 ?).Forts de ce constat, nous avons été nombreux à mettre en garde les autorités de santé depuis plusieurs années sur de telles conséquences, visiblement sans succès…

De notre avis,un déremboursement, pour être efficace du point de vue économique, doit être global (une classe complète, par exemple) et doit être accompagné d’une communication positive  : comme « nous estimons que ce type de produits, malgré son intérêt ,doit faire l’objet dorénavant d’une prise en charge individuelle et non plus d’une prise en charge collective»). Par ailleurs, il ne doit pas y avoir possibilité de transfert vers une autre classe thérapeutique maintenue au remboursement, au risque de voir réduite  à néant toute vélléité d’économie

Le plus surprenant dans cette démarche  de déremboursements, qui est maintenant bien connue, c’est qu’on est en train de réaliser la même erreur avec le projet de déremboursement de certains vasoconstricteurs locaux;  Ainsi la HAS préconise de dérembourser uniquement les associations de vasoconstricteurs avec d’autres principes actifs (corticoïdes, antiseptiques..). C’est son choix… sauf que la quasi-totalité des prescriptions vont « automatiquement » se reporter sur les produits à base d’oxymétazoline qui resteront remboursés mais qui ont un profil de pharmacovigilance  qui peut être qualifié de moins intéressant ; Où est l’intérêt à l’heure où la sécurité des médicaments devient une priorité internationale ? Faudrait- il, pour autant, dérembourser toute la classe des vasoconstricteurs? Et bien non, car les prescriptions seraient immédiatement transférées vers des corticoïdes locaux (qui sont remboursés) mais qui sont 2 à 3 fois plus chers …

Une  intention  peut être bonne (faire des économies), elle  n’en est pas pour autant  efficace. Les déremboursements n’ont pas fini de faire parler d’eux….

Pour en savoir plus :

Etude de l’Irdes

Site de l’Afipa