Contre les idées reçues sur le médicament, le Leem veut une objectivité des chiffres

L’industrie du médicament est fréquemment confrontée à des idées reçues qui peuvent s’avérer erronées. Pour lutter contre ces idées toutes faîtes, le Leem préconise une objectivité des études et des chiffres et a fait appel au BIPE (société d’études économiques et de conseil en stratégie) pour réaliser une étude sur l’efficience du médicament afin d’évaluer « dans quelle mesure le médicament est un économiseur de coûts ». Car, selon Christian Lajoux, président du Leem « Contribuer à un débat constructif sur le pilotage du système de santé suppose de combattre les idées reçues, sur la base de données objectives. Cela consiste aussi à dégager des pistes de réflexion, en produisant des éléments étayés pour améliorer l’efficience du système ».


Contre les idées toutes faîtes

Ainsi s’il a été plusieurs fois sous-entendu par exemple que les français étaient les plus grands consommateurs de médicaments d’Europe, le Leem a rappelé que les français sont loin de l’être en réalité, conforté par une étude de la CNAMTS en mars dernier. De même le prix du médicament, contre ce qui est fréquemment consenti, est inférieur à celui constaté dans nombre de pays occidentaux, la France affichant d’autre part des indicateurs de santé publique supérieurs à la moyenne européenne.

 

Le médicament économiseur de coûts

En premier lieu, le Leem montre à travers l’étude que l’augmentation modérée des dépenses de médicaments remboursables n’est pas due à la politique commerciale des industriels du médicaments mais à l’augmentation et au vieillissement de la population, à la diffusion du progrès thérapeutique, à l’accroissement rapide et a la meilleure prise en charge des affections de longue durée.

Le Leem, montre également qu’au niveau des soins de ville, l’évolution des coûts du poste médicament est moins rapide que le reste des soins, avec plusieurs économies réalisées grâce aux leviers de la régulation : mise en place entre autre de baisses de prix, des génériques, des grands conditionnements, de la maîtrise médicalisée, des CAPI (Contrat d’Amélioration des Pratiques Individuelles), des hausses du ticket modérateur etc…

Au total, le montant des économies directes sur le poste médicament entre 2005 et 2010 grâce aux seules baisses de prix, à la substitution générique et aux grands conditionnements a été de 4,1% par an, en moyenne pour les médicaments de ville.

D’autre part l’étude montre que le bon usage du médicament permet de se substituer à des soins plus onéreux (séjours à l’hôpital etc …), réalisant des économies démontrables notamment en ce qui concerne les pathologies chroniques.

Selon Christian Lajoux, le bon usage du médicament a apporté ces dernières années des économies directes sans précédent. Mais pour lui « il faut pousser plus loin la réflexion, et se donner les moyens économétriques et statistiques de mesurer comment l’appareil de soins a répercuté les gains de productivité réalisés sur le médicament, car ce dernier ne pourra pas compenser indéfiniment, et à lui seul,  la dérive de la prise en charge »

 

Pour un diagnostic partagé de l’efficience en santé

En effet, selon le Leem la croissance du marché remboursable s’essouffle et cette régulation ne pourra continuer à fonctionner que si l’équilibre des entreprises, des emplois et de l’attractivité du territoire est préservé.

Pour alimenter un débat objectif sur ces questions, le Leem veut lancer un observatoire économique fournissant « une information accessible et lisible basée sur des études référencées par un comité scientifique pluriel. »

Accessible sur Internet, il permettra de mettre à disposition des données barométriques, des chiffres et des tendances de fond alimentés par l’ensemble des parties prenantes (pouvoirs publics, professionnels de santé, industriels, universitaires, sociétés savantes …).

Pour le Leem « cette recherche de l’optimum médical et économique concerne tous les postes de dépenses, et c’est le système de santé tout entier qui doit aujourd’hui progresser en efficience et en responsabilisation. Le médicament ne peut pas – ou plus – être considéré comme le pivot unique de la recherche de nouvelles économies ».

 

Pour aller plus loin :

Étude complète « Le médicament économiseur de coûts »

Résumé de l’étude du BIPE

Etude de la CNAMTS

 

crédit photo : Leem