CitizenDoc, Boddy, ASkLucie : quand les médecins entrent dans les applis

CitizenDoc, Boddy, AskLucie : quand les médecins entrent dans les applis

Alors que les internautes se sont habitués à chercher sur les forums ou sur Google des réponses à leurs problèmes de santé, des applications leur proposent désormais de poser directement leurs questions à des médecins. Ces nouveaux outils sont-ils le gage dune information médicale plus fiable et dun meilleur suivi des patients ou au contraire les prémices de lubérisation de la consultation médicale ?

En quelques mois, les applications de e-santé promettant aux mobinautes une « clinique de poche », « une assistance médicale virtuelle » ou un « conseil personnalisé de médecin en moins d’une heure » ont fleuri. AskLucie délivre ainsi des conseils médicaux par chat, grâce à l’intelligence artificielle, afin d’apporter aux internautes une information médicale en ligne plus fiable et vérifiée. Derrière cette application, un collège d’experts médecins est mobilisé pour répondre aux questions qui ne seraient pas encore enregistrées dans la base de donnée. L’application Boddy, sortie en 2016, affiche la même garantie de sérieux, en mettant à la disposition de l’utilisateur « un réseau de médecins certifiés et diplômés en France, sous contrôle d’un Comité scientifique et s’engageant à répondre aux questions selon les règles conformes à l’éthique et à la déontologie ». Reste que chaque question posée est payante…

Du téléconseil à l’automédication pour les petits maux du quotidien

Déjà téléchargée plus de 20000 fois et très bien notée par ses utilisateurs, l’application Citizen Doc, sortie en 2015, semble sortir du lot. Développée par une équipe de médecins spécialistes et généralistes, elle met à la disposition des mobinautes un service d’autodiagnostic et d’automédication grâce à un questionnaire simple qui identifie les maux bénins du quotidien : rhumes, allergies, état grippal, problèmes de transit, brûlures, douleurs articulaires, migraines, etc. Une fois le diagnostic délivré, des médicaments accessibles sans ordonnance sont conseillés et la pharmacie la plus proche géolocalisée. Conçue pour éviter les consultations inutiles chez le médecin, l’application vise à donner un « premier avis » et conseille, en cas de doute, de consulter un médecin. Quelques jours après cette consultation virtuelle, un rappel est envoyé au patient, si aucune amélioration n’est constatée, on lui conseillera de prendre rendez-vous chez son docteur. Réservée aux « petits bobos », l’application n’est pas destinée aux femmes enceintes, aux enfants, aux personnes souffrant de pathologies chroniques ou assujetties à un traitement régulier.

« Un risque de dérive » 

Face à ces nouvelles offres de médecine en ligne, le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) émet toutefois des réserves. En février dernier, le CNOM lançait ainsi une mission « pour examiner la conformité de diverses prestations médicales en ligne au regard  de la déontologie médicale ». Dans un communiqué, le Conseil évoque « une tendance accélérée vers « l’ubérisation de la santé » et constate « un risque de dérive vers du commerce électronique non régulé qui réduirait la pratique médicale à une simple prestation électronique moyennant rétribution. » Le CNOM souligne aussi le besoin réel de « sécuriser et de valoriser l’activité quotidienne de réponses téléphoniques à des patients qui contactent un médecin, dans le cadre du parcours de soin, pour l’adaptation de leurs traitements notamment. »