Recyclage des médicaments : entretien avec Thierry Moreau-Defarges, Président de Cyclamed

Avec un taux de récupération de 63% en 2014, Cyclamed s’est imposé comme l’acteur incontournable du recyclage des Médicaments Non Utilisés (MNU). Un arrêté interministériel du 23 décembre 2015 renouvelle l’agrément de l’association jusqu’en 2021, l’occasion de faire un point sur les missions et les nouveaux challenges de cet éco-organisme avec son Président, Thierry Moreau-Defarges.

Pouvez-vous nous présenter l’association Cyclamed ?

L’association a été créée en 1993 sous l’incitation de l’industrie pharmaceutique en y associant tous les acteurs du secteur, des laboratoires pharmaceutiques aux officinaux, en passant par les grossistes. L’objectif était de créer un éco-organisme pour récupérer les Médicaments Non Utilisés par les citoyens français dans un but de protection environnementale et de sécurité sanitaire domestique. Les médicaments sont collectés en officine, mis dans des cartons et transportés vers des incinérateurs qui les transforment en électricité et en chaleur.

Quels sont les enjeux de cette collecte pour l’environnement et la santé ?

Cyclamed permet de garantir à 100% qu’un médicament sera incinéré et valorisé énergétiquement. Nous savons que seulement la moitié des déchets ménagers sont incinérés, le reste est le plus souvent enfoui. Par ailleurs, on ne peut laisser des médicaments traîner dans nos armoires à pharmacie pour des raisons de sécurité sanitaire : mal conservés, détériorés ou périmés, ils peuvent être absorbés par des personnes fragiles – enfants ou personnes âgées – ou mal utilisés.

L’association vient d’obtenir un nouvel agrément de la part du gouvernement pour poursuivre son action jusqu’en 2021. Quels sont les prochains challenges de Cyclamed ?

Cet agrément vient confirmer les bons résultats de l’association : une progression de 1,7% de la collecte en 2014, avec 63% de taux de récupération. Mais surtout, le nouveau cahier des charges nous impose à juste titre, compte tenu des enjeux environnementaux, de renforcer la traçabilité de toutes nos actions à tous les niveaux, nous engageant à encore plus de vigilance, de reporting et de partage d’informations. Nous devons aussi clarifier avec les industriels les inscriptions sur les emballages pour que les usagers s’y retrouvent : Cyclamed ne récupère que les médicaments à proprement parler, c’est-à-dire ceux qui disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). Certains produits récemment passés de médicaments à « dispositifs médicaux » ne sont donc plus concernés et peuvent être sources de confusion pour les particuliers.

Vous agissez également pour sensibiliser la population au tri des déchets médicamenteux. Quelles évolutions percevez-vous dans les comportements ?

L’étude barométrique menée par BVA (février 2015) révèle que 80 % de nos concitoyens déclarent rapporter leurs MNU chez le pharmacien dont 69 % d’entre eux le font «toujours », ce qui montre une fidélisation accrue de ce « réflexe » auprès d’une grande partie de la population. Ce sont surtout les plus de 50 ans et les femmes qui ont adopté ce geste éco-citoyen, d’autant que ce sont eux qui gèrent l’armoire à pharmacie.

Qu’attendez-vous des industriels du médicament pour vous aider dans vos missions ?

Les industriels développent depuis quelques années de nombreuses actions autour du développement durable et de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), actions auxquelles ils nous associent largement. Nous souhaitons qu’ils nous aident à diffuser plus d’informations autour de Cyclamed, à développer des programmes de recherche et des actions de prévention. Nous jouons auprès d’eux un rôle d’incitation pour réfléchir à des conditionnements optimisés afin de réduire la quantité de déchets.

Quelles innovations ou technologies digitales contribuent à l’action de Cyclamed ?

Nous venons de développer avec l’Agence Fosbury une application intitulée « Mon Armoire à Pharmacie », qui permet à chaque citoyen de gérer les médicaments qu’il possède à son domicile. Ces nouveaux médias seront un apport très utile pour convaincre les jeunes notamment de rapporter leurs MNU. Ce geste doit devenir un réflexe pour tous.

Pour aller plus loin :
http://www.cyclamed.org/