Les déserts médicaux en France : les solutions de la loi santé 2022
Réforme des études de santé, hôpitaux de proximité, médicaments délivrés par les pharmaciens… Voici les principales mesures de la réforme d’Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, définitivement adoptées par un dernier vote du Sénat le 16 juillet 2019.
Pénuries de professionnels de santé
Chaque année, le baromètre santé Pages Jaunes identifie les usages des internautes français et analyse plus de 311 millions de recherches santé sur le site de l’annuaire en ligne. En 2018, 3 189 dermatologues étaient recherchés par 7 millions d’internautes, soit près de 2 000 recherches pour chaque expert par an. Les infirmiers libéraux sont aussi très demandés avec une hausse de 38,5%. En cause : le vieillissement de la population et la progression du maintien des soins à domicile.
Augmenter le nombre de praticiens
La fin du numerus clausus est la réforme phare de la Loi Santé. En 2018, le quota était fixé à 8 205 places limitant le nombre d’étudiants admis en deuxième année d’études de médecine, sages-femmes, dentaire ou pharmacie. Les effectifs d’étudiants seront fixés par les universités, en accord avec les agences régionales de santé, selon les capacités et les besoins des territoires. L’objectif est d’augmenter de 20% environ le nombre de médecins formés.
« Ce sera sans effet sur les déserts médicaux dans l’immédiat. » affirme Bruno Riou, doyen de la faculté de médecine de Sorbonne Université. Selon lui, le nombre de médecins augmentera de manière importante dans une quinzaine d’années – le délai moyen entre le début des études et l’installation des médecins – mais cela sera sans effet sur les déserts médicaux d’ici là.
Déserts médicaux : jouer la carte de la proximité
Contre l’avis du gouvernement, le Sénat a voté l’obligation pour les internes de médecine générale et certaines spécialités déficitaires (ophtalmologie, dermatologie, pédiatre, médecine d’urgence, etc.) d’effectuer un stage d’au moins six mois en cabinet ou en maison de santé, supervisés par un médecin, en zones prioritaires. Face à cette réforme : une levée de boucliers parmi les étudiants en médecine, dénonçant une mesure démagogique qui dégraderait la qualité de leur formation pour pallier le manque de médecins.
Par ailleurs, le plan Ma Santé 2022 doit permettre de labelliser entre 500 et 600 hôpitaux de proximité sur les 3 000 hôpitaux et cliniques existants. En fonction des besoins de la population et de l’offre de soins présente dans les territoires où ils sont implantés, ces établissements pourront exercer d’autres activités, notamment la médecine d’urgence, les activités prénatales et postnatales, les soins de suite et de réadaptation ou encore les activités de soins palliatifs.
Des médicaments délivrés par les pharmaciens
Cette mesure est inspirée du système suisse Net Care, qui donne la possibilité aux pharmaciens de délivrer des médicaments de premier secours pour des situations simples.
Après avoir suivi une formation spécifique et informé le médecin traitant des patients, les pharmaciens pourront délivrer des médicaments sous ordonnance. Sont notamment concernés les traitements sous prescription médicale obligatoire contre des pathologies bénignes comme la cystite ou certaines angines. Les pharmaciens pourront aussi prescrire directement certains vaccins.
Les infirmiers pourraient également adapter, dans certains cas, des traitements en fonction des résultats d’analyses biologiques des patients.
« Les pharmaciens sont des acteurs de santé à part entière. » affirme Thomas Mesnier (LREM) à l’initiative de cette réforme. Néanmoins il prévient : « Il n’est pas question ici de donner un droit de prescription aux pharmaciens. ».
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