La nouvelle donne en officine: le rôle des pharmaciens
Des bilans partagés de médication, la campagne de vaccination anti-grippale, l’essor de la télémédecine… Les champs d’action du pharmacien évoluent et l’ANSM renforce son statut de conseiller médical.
Le pharmacien : le premier conseiller médical
Selon un sondage de l’Afipa (La fédération des fabricants de produits d’automédication) paru en 2018, l’automédication était pratiquée par huit Français sur dix et près d’un quart anticipent une augmentation de leur pratique.
De plus, près de six personnes interrogées sur dix font confiance au pharmacien pour les conseiller.
Aujourd’hui, le conseil du pharmacien est valorisé par l’Agence du médicament (ANSM). Afin de limiter les risques de surdosage, l’aspirine, le paracétamol et l’ibuprofène pourraient bientôt être vendus uniquement derrière le comptoir. Cette mesure, qui vise à éviter les risques liés à un mauvais usage de ces produits vendus sans ordonnance, entrerait en vigueur dès janvier 2020. Dans le même temps, depuis mars, les pharmaciens sont autorisés à délivrer, sous certaines conditions, des médicaments normalement sous ordonnance pour des pathologies bénignes, en cas d’angine ou de cystite par exemple, après une formation adaptée et en lien avec le médecin traitant.
La télémédecine en officine
La télé-médecine, qui permet d’obtenir un diagnostic rapide à distance sans engorger les urgences, est plébiscité par le ministère de la Santé. Encouragées par le remboursement des télé-consultations par la sécurité sociale autorisée depuis septembre, plusieurs start-ups ont créés leur plate-forme de télé-consultation. Depuis son lancement en mars dernier, près de 5 000 diagnostics ont été réalisés en direct sur la plateforme Medadom. Cette start-up française a installée des bornes avec écran, associées à des objets connectés (stéthoscope, otoscope, dermatoscope et tensiomètre), dans 200 pharmacies en région parisienne. Elle compte en installer 2000 dans toute la France d’ici fin 2020.
Les pharmacies peuvent bénéficier de subventions de l’État pour les accompagner dans leur transition numérique : un forfait d’aide à l’équipement de 1 225 € versé la première année, puis 350 € les années suivantes. La télé-consultation est pourtant loin d’être entrée dans les mœurs : Selon L’assurance Maladie en un an, pour 190 millions de rendez-vous physique chez les généralistes, seulement 60 000 personnes ont eu recours à cette méthode.
Le pharmacien : un coordinateur de soins
Depuis le 16 mars 2018, le pharmacien peut réaliser des « bilans partagés de médication » auprès des personnes, en affection de longue durée (ALD), âgées de plus de 65 ans et des patients polymédiqués de plus de 75 ans. En lien avec le médecin traitant, il vérifie la bonne observance du traitement, il rappelle les rendez-vous importants comme des analyses biologiques, ou il adapte la posologie.
Cet accompagnement, destiné aux malades chroniques, devrait bientôt s’élargir aux diabétiques qui rencontrent des difficultés à équilibrer leur glycémie. La plate-forme web Timkl, lancée au printemps, permet aux pharmaciens de livrer du matériel à domicile et de fixer des rendez-vous réguliers pour aider leurs patients dans la gestion de leur maladie. L’expérimentation sera déployée en Ile-de-France, en Bourgogne-Franche Comté et dans les Pays de la Loire. Lancée début 2020, elle doit durer 2 ans et rassembler 300 professionnels de santé autour de 3 000 patients. Dans un second temps, les personnes atteintes de pathologies cardiovasculaires pourront aussi rejoindre ce type de dispositif.
Le nouveau rôle préventif du pharmacien
L’an dernier, 9 000 décès ont été estimés liés à une sévère épidémie de grippe, en majorité chez les personnes de 75 ans et plus. Depuis le 15 octobre, la vaccination contre la grippe saisonnière dans les pharmacies est étendue à l’ensemble du pays. Seules les personnes âgées de 65 ans et plus ou à risque comme les femmes enceintes ainsi que les personnes diabétiques pourront se faire vacciner en officine.
D’abord expérimentée pendant deux ans au sein des pharmacies de deux puis quatre régions, cette couverture vaccinale est une réussite. Par exemple en Gironde, 20 000 vaccinations en 2017, aujourd’hui le nombre de personnes vaccinées a triplé. Même dynamique en Nouvelle-Aquitaine, où 180 000 vaccins ont été effectués, contre 60 000 en temps normal.
Malgré tout, c’est succès en demi-teinte car lors de la saison précédente, le recours à la vaccination était encore insuffisant avec moins d’une personne à risque sur deux vaccinées.
Sources :
https://www.essentiel-sante-magazine.fr/sante/prevention/les-nouvelles-missions-du-pharmacien