Visite médicale : vers de nécessaires mutations

Fin 2012, le nombre de visiteurs médicaux employés par les industriels du médicament ou par leurs prestataires s’élève à environ 17 000. En 2007, ils étaient encore 21 900 et leurs effectifs pourraient chuter à 13 000 en quelques années. Pour autant, la visite médicale est loin d’être condamnée.

 

Entre 2007 et 2011, le nombre de visiteurs médicaux a baissé d’environ 5 % par an, passant de 21 900 à 17 500 salariés. A eux seuls, les effectifs de la visite médicale des seuls industriels du médicament ont chuté de 18 400 à 14 000 sur la même période, rapporte une récente étude des Echos qui s’interroge sur l’avenir de la profession (1). Ce mouvement traduit les mutations que vit la branche pharmaceutique depuis plus de 15 ans. Il est la conséquence des fusions/restructurations qu’a vécues l’ensemble des grands laboratoires – à quelques exceptions près -, des pertes récentes et successives de brevet de leurs molécules phares et surtout de l’évolution des portefeuilles de nouveaux médicaments vers des produits de spécialités qui ne nécessitent plus les réseaux de VM déployés hier vers les prescripteurs de ville, au premier rang desquels figurent les médecins généralistes. Les politiques successives de maîtrise des dépenses de santé, qui combinent les déremboursements et les baisses de prix des spécialités, les encouragements faits aux médecins par les caisses d’assurance-maladie de moins prescrire ou encore la baisse notable des molécules mises sur le marché ont fait le reste.

La visite médicale est-elle pour autant condamnée à disparaître, comme le souhaiteraient ses plus fervents détracteurs ? Rien n’est moins sûr si l’on sait que rien n’est appelé à ce jour à remplacer le travail d’information sur le médicament qui est quotidiennement réalisé par des VM, dont l’activité constitue le levier principal (2) de la promotion des spécialités pharmaceutiques en direction du corps médical. Mais cette visite médicale, qui est dotée d’une charte depuis 2004 – charte en cours de réactualisation -, est certainement appelée à évoluer, sous la pression des autorités en charge des produits de santé, mais aussi de celle des médecins et des pharmaciens qui expriment de nouveaux souhaits. « L’évolution des attentes des professionnels de santé et des autorités de santé, le développement des produits biologiques et innovants (génétique, biologie cellulaire, imagerie moléculaire…) conduisent à renforcer les compétences scientifiques des personnels en contact avec les prescripteurs », précise une récente étude du LEEM consacrée à l’évolution des métiers dans la branche pharmaceutique. Les VM devront donc pour le futur améliorer « leurs connaissances scientifiques avancées sur le produit, ses indications, contre-indications, ses effets secondaires, les conditions de son bon usage thérapeutique, mais aussi sur le système de santé, l’environnement de soin et les différentes approches thérapeutiques complémentaires associées dans un parcours de soin. » Bien des laboratoires pharmaceutiques ont d’ores et déjà anticipé les mutations à venir et créé de nouvelles fonctions au sein des réseaux de visite médicale, fonctions dont les intitulés varient d’une société à l’autre (responsables régionaux institutionnels (RRI), responsables régionaux affaires publiques (RRAP) ou encore responsables régionaux market access (RRMA)). Au total, le métier de visiteur médical sera invité dans le proche avenir à investir une posture d’accompagnement thérapeutique auprès d’acteurs de la santé diversifiés et une organisation plus orientée “client” que “produit”.

 

(1) “L’avenir de  la visite médicale : vers une disparition de la profession”, Eurostaf – Echos, Collection Dynamique des marchés, 2012

(2) Selon Cegedim, Strategic Data, 50,8 % des investissements promotionnels des industriels du médicament sont consacrés en 2012 à la VM. Le poids de celle-ci était de 62,3 % en 2008.

(3) “Etude prospective sur les facteurs d’évolution de l’industrie du médicament et leur impact à 10 ans sur l’emploi”, conduite pour le LEEM par la société Arthur D. Little en janvier 2013.

Crédit photo : Michel Hasson – Leem