Un patient sur deux n’est pas sérieux dans le suivi de son traitement

Près de la moitié des patients ne respecte pas son traitement à la lettre. C’est le constat établi par le livre blanc de l’observance réalisé par la Fondation Condorde, à la demande l’Observia.

L’étude révèle que le taux d’observance varie en fonction de la pathologie, mais n’excède pas 80% : 75 à 80% pour les transplantations cardiaques, 60 à 70% pour les maladies chroniques de l’intestin, mais seulement 54% pour les maladies cardiovasculaires, 54 à 88% pour le VIH et à peine 30 à 40% pour l’asthme de l’adulte…

Les traitements qui préviennent un risque mortel ne sont pas forcément pris avec plus de rigueur que les autres. Par conséquent, le manque d’observance peut avoir des conséquences dramatiques. A titre d’exemple, le livre blanc rapporte que le mauvais usage des médicaments immunosuppresseurs (estimé à plus de 20%) représente la première cause de rejet des greffes d’organes ! D’une manière générale, le défaut d’observance engendre de près de 8 000 décès, indique le rapport.

Au-delà de ses conséquences médicales, le mauvais respect de son traitement a un coût : 2 milliards d’euros par an, et induit également un million de journées d’hospitalisation.

Lutter contre l’oubli

Parmi les causes  de non-observance les plus souvent avancées, on retrouve des difficultés matérielles et pratiques, des symptômes d’intolérance mais aussi, tout simplement, l’oubli. Beaucoup de patients reconnaissent avoir tout bonnement omis une ou plusieurs prises.

Afin de lutter contre l’étourderie de certains malades, plusieurs programmes ont vu le jour. Par exemple, l’hôpital de la Timone à Marseille a mis en place un système de rappel par SMS. Certains moyens de simplification sont aussi efficaces contre la mauvaise observance ; c’est le cas des piluliers « intelligents » qui permettent aux patients de mieux comprendre leur traitement. L’éducation thérapeutique et les ateliers de motivation contribuent également à faire progresser le respect des prises médicamenteuses en informant les malades de façon plus efficace.

En outre,  le livre blanc constate que la « démocratisation de la connaissance médicale pour tous occasionne une apparente rupture de pouvoir chez le médecin ». Son influence dans la prise du traitement est, de fait, moins importante.

Les propositions

La Fondation Concorde formule plusieurs propositions pour améliorer l’observance. Parmi elles, le lancement de trois études financées par la CNAM et le Ministère de la Santé.

Le rapport exprime également sa volonté de mettre un accent particulier sur les programmes spécifiques pour les malades chroniques et de fonder un « observatoire de l’observance » pour évaluer le coût et anticiper les dépenses.

Afin d’avertir les plus grand nombre, le livre blanc préconise aussi d’expliquer les méfaits de la non-observance sur les boîtes de médicaments.

Le mauvais suivi des traitements n’est pas une problématique uniquement française et alarme l’ensemble de la planète. L’OMS considère que « l’efficacité des interventions favorisant l’observance peut avoir un impact bien plus important que n’importe quelle découverte médicale ». Inciter les patients à faire plus attention à leurs prises de médicaments représente donc une véritable priorité.

Source :Fondation Concorde « L’OBSERVANCE DES TRAITEMENTS : UN DÉFI AUX POLITIQUES DE  SANTÉ »

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