Un français sur deux oublie de prendre le traitement prescrit par son médecin. Pour améliorer l’observance thérapeutique en France, il est intéressant de se tourner vers les Etats-Unis où le premier médicament électronique a été mis sur le marché.
Une puce minuscule insérée dans un médicament
Ce médicament connecté est un cachet à ingérer qui contient une micro-puce électronique. Placé sur le ventre près de l’estomac, un patch composé d’un capteur émet un signal sonore en présence des liquides de l’estomac. Ce signal est ensuite envoyé à une application mobile que le patient peut consulter pour valider la prise effective du cachet. Ce type de médicament est indiqué pour les traitements de la schizophrénie. Cette maladie chronique touche 600 000 personnes en France d’après l’INSERM. Elle va de pair avec un lourd traitement thérapeutique qui mène souvent à une mauvaise observance. Les patients ont tendance à interrompre leur traitement, entraînant des rechutes voire des hospitalisations, qui pourraient être évitées grâce à ce patch. À changer soi-même chaque semaine, il transmet également un signal au soignant qui peut surveiller le traitement à distance.
Le syndicat MG France s’oppose à cette généralisation
Depuis 2008, les infirmiers ont l’autorisation de vacciner sans prescription du médecin, avec le même objectif : améliorer le taux global de vaccination des personnes à risque qui ne peuvent pas se rendre chez le médecin. Dans le Limousin par exemple, en Nouvelle-Aquitaine, une personne sur deux est vaccinée contre la grippe. Selon le syndicat des médecins généralistes MG France, cette campagne de vaccination anti-grippale n’est pas concluante. Chiffres à l’appui : toujours dans le Limousin, le taux de vaccination est resté stable (+ 3,76 %).
MG France regrette aussi un manque de suivi de cette vaccination. En effet, le médecin traitant n’est pas systématiquement informé de la vaccination de ses patients par le pharmacien ou par l’infirmière. Un problème que le dossier médical partagé (DMP) pourrait rectifier.
L’avenir du médicament connecté
Cette innovation avec un suivi du traitement en temps réel permettrait donc d’améliorer l’observance mais aussi la qualité de vie du patient au cours de son traitement. Ainsi, le capteur peut collecter des éléments sur le rythme de vie : heures de sommeil ou niveau d’activité. Les médecins seraient également en mesure de prévenir les problèmes de dépendance à certains traitements, comme les antidouleurs à base d’opiacés. Ce cachet connecté intéresse également les sociétés d’assurance américaines. Interrogé par France 2 à New-York, Darrell West, directeur d’un bureau d’étude de gouvernance, estime que : « Les assureurs vont encourager les patients sur la base du volontariat en leur offrant des réductions de cotisation. Mais ils ne pourront pas rendre cela obligatoire. »
Par ailleurs, ce médicament pourrait réduire les coûts de la non-prise de médicament. Aux Etats-Unis, cela représente quatre-vingt-cinq milliards de dollars. Tandis qu’en France, elle coûte deux milliards d’euros à la Sécurité sociale.
Quels freins pour le médicament connecté en France ?
Les maladies chroniques touchent le plus souvent la population des seniors. Ainsi, plus d’un tiers des plus de 75 ans souffrent d’hypertension artérielle, 12% d’entre eux ont de l’asthme et près de 10% font face à une dépression chronique. Des personnes âgées peu enclines à adopter des nouveaux comportements comme l’implantation d’une puce sous la peau.
Par ailleurs, ce dispositif pose la question du stockage des données médicales. Leur sécurité est indispensable pour éviter tout mésusage des données de santé, par exemple à des fins de marketing ciblé. Cependant, l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur la protection des données oblige désormais les développeurs d’applications mobiles et objets connectés de santé à standardiser leurs procédures pour éviter la transmission d’informations personnelles sans consentement.
Sources :
https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/sante-l-innovation-des-medicaments-connectes_2740061.html
http://theconversation.com/medicament-connecte-qui-a-demande-le-consentement-du-patient-87702