Des traitements plus efficaces grâce aux ultrasons ?
Une méthode de neurochirurgie utilisant les ultrasons a été testée avec succès par une équipe de chercheurs français. Elle permet de diffuser plus efficacement les traitements contre les tumeurs cérébrales malignes. Cette technologie pourrait représenter un espoir pour toutes les pathologies du cerveau.
Perméabiliser temporairement les vaisseaux sanguins du cerveau pour permettre de mieux diffuser la chimiothérapie, c’est le pari lancé par des équipes de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, de l’Université Pierre et Marie Curie, de l’Inserm, coordonnées par le Pr Alexandre Carpentier, neurochirurgien à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Cette nouvelle méthode vise à rendre perméable, pendant quelques heures, la Barrière Hémato-Encéphalique (BHE), une paroi de vaisseaux très étanche qui protège notre cerveau et nos neurones des agents toxiques éventuellement présents dans le sang. Dans le cadre d’un traitement par chimiothérapie d’une tumeur cérébrale, cette barrière agit comme un bouclier qui fait obstacle à la pénétration des molécules.
Une diffusion des molécules 5 fois plus importante
L’équipe dirigée par le Pr Carpentier a utilisé un dispositif ultrasonore développé par la société CarThera, hébergée à l’Institut du cerveau et de la moëlle épinière (ICM). Implanté dans le crâne du patient et activé quelques minutes avant l’injection du traitement, il émet des ultrasons pendant deux minutes qui ont pour effet de perméabiliser la BHE pendant 6 heures. Grâce à ce procédé, la diffusion de la molécule thérapeutique dans le cerveau serait « cinq fois plus importante que d’ordinaire », selon l’AP-HP.
Une technique en cours d’évaluation
Un essai clinique a été lancé en juillet 2014 sur des patients en situation de récidive de tumeur cérébrale maligne. Résultat : chez les 20 patients ayant bénéficié de la méthode, la tolérance a été « excellente », les neurones n’ont pas été altérés et la BHE s’est refermée spontanément 6 heures après l’injection du traitement. « Cette méthode novatrice offre un espoir dans le traitement des cancers du cerveau, mais aussi d’autres pathologies cérébrales, comme potentiellement la maladie d’Alzheimer, pour lesquelles les molécules thérapeutiques existantes peinent à pénétrer dans le cerveau », a déclaré le Pr Carpentier dans un communiqué diffusé par l’AP-HP, qui précise par ailleurs que « cette technique doit continuer son processus d’évaluation pour envisager un passage en routine clinique dans quelques années. »
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