Thierry Chapusot, Pharmagest : « Le métier de pharmacien est plein d’avenir »

Thierry Chapusot, Pharmagest : « Le métier de pharmacien est plein davenir »

Avec une population vieillis sante et une forte progression des pathologies chroniques, quels défis attendent les pharmaciens français ? Le digital représente-t-il une menace ou une opportunité pour le futur de lofficine ? Comment se positionne la pharmacie dans le secteur en pleine explosion de la e-santé ? Les réponses de Thierry Chapusot, président du Conseil d’administration de Pharmagest, éditeur de logiciels informatiques pour les pharmacies.

Selon une enquête Direct Medica pour les Echos*, 80% des pharmaciens se disent pessimistes quant aux perspectives de leur métier et de leur activité. À quoi ressemble selon vous le futur de lofficine ?

Je comprends les pharmaciens et leur inquiétude, le monde change. Demain, il va falloir inventer un nouveau métier. L’augmentation de notre espérance de vie crée des besoins nouveaux : on ne peut pas vivre plus vieux sans aide médicale pour les patients comme pour les aidants qui les entourent. Dans ce contexte, qui pourra s’occuper de notre santé ? Sans doute pas les médecins qui ne seront pas plus nombreux et n’auront pas plus de temps à dégager… Voilà pourquoi, avec Pharmagest, nous annonçons depuis plus de cinq ans le changement du métier de pharmacien, qui ne se limitera plus à la délivrance de médicaments et au conseil en officine, il faudra s’occuper du patient à domicile. La chance énorme du pharmacien est qu’il est une « entreprise de soins », et contrairement aux autres professionnels de santé, il peut adapter son officine à la demande, embaucher, s’équiper…

*https://www.lesechos-etudes.fr/news/2016/09/09/lofficine-lhorizon-2025-comment-les-pharmaciens-imaginent-ils-leur-avenir/

La transformation digitale en cours dans le secteur de la santé a-t-elle déjà commencé à changer le visage de lofficine ? Quels en sont les premiers signes ?

Depuis 5 ans, nous proposons une application qui a été téléchargée 300 000 fois : « Ma pharmacie mobile ». Elle permet aux patients de récupérer toutes leurs ordonnances et prescriptions, de suivre leurs rendez-vous médicaux et d’être observant sur leur traitement. Mais surtout, elle relie directement et en permanence le patient et son pharmacien, celui-ci peut en effet donner ses posologies et conseiller son patient via l’application. C’est un outil qui favorise l’observance et fluidifie le parcours du patient.

(http://www.mapharmaciemobile.com/ )

Quels sont les nouveaux outils proposés par Pharmagest pour digitaliser lofficine ?

Nous venons de lancer Offitouch : un dispositif qui consiste à remplacer certains linéaires de pharmacie en libre service par un mur d’écrans. Le consommateur achète son produit sur l’écran en le déposant dans un panier virtuel qui est transmis au Back office de l’officine. Il récupère et règle ensuite ses achats au comptoir. Le premier avantage de cette solution pour le pharmacien est le gain de place, intéressant surtout pour les pharmacies de centre-ville. Pour le consommateur, les écrans permettent d’ajouter une dimension de conseil en rayon avec des vidéos et des tutoriels.

Selon vous, lessor des parapharmacies et lautorisation de la vente de médicaments (sans ordonnance) sur Internet menacent-ils lofficine traditionnelle ?

Si l’officine traditionnelle évolue vers le service et le conseil, je ne pense pas qu’elle soit menacée. Je pense aussi qu’il faut nuancer cette « concurrence ». Les parapharmacies existent depuis 30 ans, quant à la vente de médicaments en ligne, elle ne rencontre pas un franc succès, pour la bonne raison que le réseau de pharmacies en France est très dense et que les consommateurs apprécient d’être conseillés, même lorsqu’ils achètent du Doliprane. Ce type de produit reste un médicament qui peut induire certains risques si l’on ne respecte pas la posologie, on ne vend pas des petits pois !

Les services de livraison de médicaments à domicile se développent en France, par la Poste par exemple, pensez-vous quil y a un risque dubérisation de la profession officinale 

La livraison de médicaments est intéressante évidemment pour les patients maintenus à domicile qui ne peuvent pas se déplacer, les personnes âgées par exemple. Mais je pense que ce service doit être développé et assuré par les pharmaciens eux-mêmes, et non par des tiers qui ne pourront assurer la dimension de conseil et d’accompagnement nécessaire. Les pharmaciens doivent oser aller de l’avant et sortir de leur officine pour développer les services dont les patients ont besoin.

Comment doit évoluer selon vous le rôle du pharmacien dans ce contexte ?

Chez Pharmagest, nous souhaitons positionner le pharmacien comme le coordinateur de santé, parce qu’il est le seul à pouvoir assumer ce rôle. Lorsque l’on sort de chez le médecin avec son ordonnance, on se rend chez le pharmacien, puis on se retrouve seul avec ses boîtes de médicaments. Personne ne nous rappelle pour savoir si nous allons mieux ou si nous prenons bien notre traitement. Les pharmaciens pourraient jouer ce rôle notamment auprès des patients atteints de maladies chroniques. La proposition de piluliers électroniques est un premier pas que nous mettons à la disposition des pharmaciens pour assurer ce suivi.

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Pharmagest