Santé : ce que proposent les leaders de la campagne

Au premier rang des préoccupations des Français, les questions de santé sont « esquissées » durant la campagne par les deux principaux candidats à l’élection présidentielle. Décryptage des annonces et promesses et de leur incidence pour les industries de santé.

 

Derrière l’emploi et le pouvoir d’achat, le sujet de la santé revient systématiquement en tête des sondages sur les préoccupations de l’opinion publique. Le constat est toujours le même. Les Français restent satisfaits d’un système considéré comme l’un des plus performants au monde, mais ils perçoivent des signes de dégradation qui les inquiètent pour l’avenir. Dispositif de plus en plus complexe et donc peu lisible, angoisses sur la sécurité des produits de santé, peur des « files d’attente » et des « déserts médicaux, refus des dépassements d’honoraires et des « reste à charge », mécontentement face à la hausse des tarifs de complémentaires santé… Aux craintes de perte de qualité et de sécurité des prestations de santé s’ajoute le sentiment que l’accès aux soins est devenu plus difficile et surtout moins équitable, en termes de revenus ou de localisation géographique.

François Hollande mise sur le « service public de santé »

Le candidat du Parti socialiste a très vite saisi l’opportunité de marquer sa différence sur le terrain sanitaire. Parmi ses 60 propositions, trois d’entre elles concernent explicitement la santé (propositions 19, 20 et 21). L’un de ses premiers discours de campagne, le 2 février, y était consacré. « La santé est un puissant moteur de croissance, estimait-il. Soyons fiers de ces grandes entreprises, quand elles dopent la recherche, quand elles conquièrent des marchés, quand elles sont compétitives. » Il promet « des dispositifs favorisant la reconnaissance de l’innovation » et compte faire de la santé « un levier pour relancer la compétitivité de l’économie française. » En matière d’organisation de soins, le candidat socialiste critique « l’hôpital-entreprise mis en place par l’équipe actuelle ». « Nous reviendrons totalement sur la partie de la loi HPST qui réforme la gouvernance et le mode de tarification de l’hôpital public, afin de restaurer la vocation de service public de l’hôpital », prévient Marisol Touraine, chef du pôle santé/social du candidat PS. François Hollande entend également lutter contre les inégalités d’accès aux soins, en régulant l’installation des médecins à honoraires libres dans les zones à forte densité médicale, en lançant un « plan d’urgence » pour l’installation de jeunes médecins et en favorisant les regroupements interprofessionnels et les pôles de santé pluridisciplinaires.

Nicolas Sarkozy : poursuivre en adaptant

Entré plus tard en campagne, et se situant sur le mode des valeurs plutôt que des propositions techniques, le président-candidat n’avait pas encore, début mars, affiché ses priorités sur le plan de la santé. « Il est prévu qu’il se prononce mi-mars sur ce thème, confie un des experts qui travaillent sur le volet santé. Nicolas Sarkozy se situera dans la continuité de ce qui a été fait depuis cinq ans, avec quelques ajustements. » Philippe Juvin, médecin urgentiste, député européen et proche de Sarkozy, anime la réflexion du camp UMP et donne quelques clés. « Nous devrons aller plus loin sur certains sujets, comme le développement de la prévention, l’incitation aux installations dans les déserts médicaux, et la promotion de pratiques collaboratives entre professionnels. » Récusant les critiques de François Hollande sur l’hôpital-entreprise, il indique que « la T2A sera poursuivie mais corrigée pour éviter les effets d’aubaine sur les actes gagnants. Et l’hôpital public conservera une marge de manœuvre financière pour répondre à ses missions de service public. » Quant à la question du « reste à charge » et des dépassements d’honoraires, il propose des « parcours de soins plus rigoureux, que les complémentaires contribueraient à financer contre des engagements de qualité. »

Pour aller plus loin, retrouvez la suite de notre enquête sur les propositions de santé des candidats à la présidentielle.

Crédit photo : PS et UMP