Produire des médicaments en France, investir sur des sites de production locaux innovants : oui, c’est possible. Les clés du succès sont précieuses et doivent impérativement aller de pair avec un soutien des autorités. Mais pour combien de temps ?
LEO Pharma, acteur majeur en dermatologie et dans la thrombose, et ALK, expert dans le diagnostic et le traitement des allergies par désensibilisation, possèdent quelques points communs. Toutes deux issues de maisons mères danoises, ce sont deux entreprises du médicament détenues par des fondations. Un statut qui leur offre une indépendance en termes de stratégie R&D et d’investissements industriels. Leurs dirigeants, Guillaume Clément et Denis Delval, sont tous deux membres du CRIP. Enfin, ces deux entreprises illustrent la réussite de la production industrielle en France.
S’adapter pour la performance
LEO Pharma a investi 80 millions d’euros dans son usine à Dreux ces 15 dernières années, dont 25 millions depuis 2009. Un centre de production qui a atteint l’excellence et livre désormais le monde entier de ses spécialités. Son héparine de bas poids moléculaire Innohep (antithrombotique), sous forme de seringue pré-remplie, fait figure d’exemple. Sa production a été multipliée par trois dans les dix dernières années. 60% des 54 millions de seringues produites en France en 2012 sont exportées dans le monde entier. Pour le Président de LEO Pharma France, Guillaume Clément, ces résultats positifs sont le fruit d’une adaptabilité permanente. « LEO France a su faire évoluer son mode de production, vers autant d’options thérapeutiques nouvelles. Nous avons d’abord fabriqué des comprimés (antibiotiques et diurétiques) puis des héparines de bas poids moléculaire sous forme de seringues pré-remplies. » L’entreprise a su faire évoluer également ses ressources humaines, en réponse à de nouveaux modes de production. « Nous embauchons du personnel qualifié sur place et faisons grandir ces compétences locales grâce à un investissement important dans la formation continue. », ajoute-t-il. Enfin, l’entreprise a su tisser un réseau de fournisseurs locaux solides, de qualité et qui comprennent bien nos contraintes. « Ainsi, à un moment où l’on devait allier production à pleine capacité et mise en œuvre d’investissements, ce sont jusqu’à 120 personnes extérieures à l’entreprise qui assuraient ainsi des travaux sans que nous soyions obligés de stopper la production. » précise Guillaume Clément.
Mais la France restera-t-elle accueillante ?
Guillaume Clément souligne que ces succès vont de pair avec un soutien des autorités locales et un environnement économique propice au développement. « Le soutien des autorités locales et régionales est aussi un facteur d’investissement pour LEO France », commente Guillaume Clément. « Soutien financier, richesse des échanges avec les interlocuteurs locaux, la chambre de commerce, pôle pharma… ont favorisé notre réussite », ajoute-t-il. Il faut donc compter sur une stabilité de ces bonnes pratiques mais aussi sur une amélioration de l’environnement fiscal et économique du pays. « Avec un bouquet fiscal en constante augmentation, l’attractivité de la France est handicapée. Dans ce contexte, les pays émergents nous font évidemment de sérieux appels du pied. », termine Guillaume Clément.