De plus en plus de think tank s’installent dans le paysage de la campagne présidentielle pour tenter de peser sur les programmes des candidats. Le Quotidien du Médecin analyse ce phénomène assez récent, encore inconnu il y a 10 ans.
Des boites à idées…
« Lieux de débats, réseaux d’influence, groupe d’experts, boites à idées » selon le Quotidien du Médecin, les associations sous forme de think tank ont depuis longtemps aux Etats-Unis une influence directe sur le pouvoir. Aujourd’hui les think tank santé comme Le CRIP, l’institut Montaigne, le think tank santé des Echos, font de plus en plus parler d’eux à l’approche de la présidentielle. Pourtant selon le quotidien, ils restent d’ans l’ensemble prudents car les thématiques propres à la santé « ne se prêtent guère aux propositions radicales, et comportent trop d’intérêts en jeu et de corporatisme à ménager »
… pour provoquer le débat
Parmi les idées qui émergent, pour l’institut Montaigne, think tank libéral, « il faut transformer les hôpitaux en établissements privés non lucratifs, » rapporte le quotidien. Pour Matthias Leridon, communicant et conseiller de différents think tanks, « il s’agit avant tout de provoquer le débat. La France est-elle prête à abandonner les secteurs hospitaliers public et privé ? » En posant la question, l’Institut Montaigne force les candidats à prendre position.
Selon le Quotidien, « Les think tanks se focalisent surtout sur la question, centrale, du financement. » En effet, l’institut Montaigne appelle par exemple « à la mise en concurrence de l’assurance-maladie avec les assureurs privés. »
où les questions d’économies dominent
Pour Frédéric Pierru, sociologue, en France « le discours des économistes de la santé domine au sein des think tank. Ils pensent qu’il y a beaucoup à attendre de la contractualisation sélective avec les médecins libéraux, via les CAPI, le P4P… »
« Le corps médical doit à tout prix se réapproprier le débat » estime le Pr Bernard Granger porte-parole du mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP) dans l’enquête du Quotidien du Médecin. Pour lui « Il est aberrant que soient menées des réflexions excluant les principaux acteurs de la médecine. La question clé du financement ne doit pas faire l’impasse sur la réalité médicale et le besoin des patients ».
Pascal Devailly, PH à l’AP-HP, s’intéresse également aux think tanks. Pour lui « Il faut défendre les équipes médicales cassées par la loi HPST. Les think tanks sont dominés par la pensée économique, tandis que les politiques nous voient comme une corporation à mener à la carotte et au bâton. On ne peut pas laisser la médecine aux mains de l’alliance de l’État et du marché ».
Pour aller plus loin :
PRESIDENTIELLE 2012 – Où s’élaborent les programmes santé des candidats ?
Plongée dans la galaxie des think tanks – Quotidien du Médecin (Édition abonnés du 03/04/2012)
Crédit photo : Flick’r – Ville d’Arles