Pour une meilleure productivité du système de santé


Les nouvelles technologies permettront, à terme, des gisements d’économie plus durables grâce aux gains de productivité. De quoi mieux maîtriser les dépenses de santé dans l’avenir.

Certes, tout cela est encore difficile à chiffrer, mais on sait que le développement de la télésanté permettrait, par exemple, de renforcer l’accès aux soins des patients dans les déserts médicaux. Et même de maintenir à domicile des personnes dépendantes. Le développement de la médecine ambulatoire, qui évite les hospitalisations, est aussi un axe de progrès. De telles innovations, actuellement développement, ont un fort potentiel médical, mais aussi économique. Encore faut-il leur permettre d’accéder au marché, c’est à dire non seulement d’être approuvées et enregistrées, mais aussi financées. C’est un chantier gigantesque compte tenu de l’actuelle inadaptation de notre système de remboursement à évaluer et fixer les conditions de remboursements pour de tels produits. Au-delà de la création d’une voie d’accès spécifique, l’assistance aux industriels pour mettre en place des études de démonstration médico-économiques figure parmi les pistes de progrès. 


Force est de constater qu’à l’heure actuelle, l’offre de soins est souvent inadaptée. Par exemple des interventions chirurgicales en ambulatoire seraient parfois plus pertinentes que des hospitalisations complètes. De même, des personnes âgées sont placées en établissement médico‐social, alors que des soins à domicile seraient plus adéquats. « Une prise en charge excessive peut être porteuse de risques pour les patients, par exemple du fait des infections nosocomiales à l’hôpital ou des risques iatrogéniques des sur‐prescriptions. (…) La France continue de se caractériser par une consommation de produits de santé supérieure à la moyenne européenne », pouvait-on lire dans un rapport le rapport de l’IGAS et de l’IGF sur la maîtrise de l’ONDAM de 2013 à 2017 publié en juillet dernier. 


Cette démarche suppose d’engager des restructurations, pour renforcer l’efficience et la productivité du systèmes de santé, restructurations qui pourront être douloureuses (consolidation des officines de pharmacie, dont la densité est sensiblement supérieure à la moyenne européenne, fermetures et regroupements de services hospitaliers, voire d’hôpitaux…). 


Pour rappel, la France est le troisième pays de l’OCDE qui consacre le plus de dépenses à la santé. Alors même que le déficit de l’assurance‐maladie ne cesse de se creuser, une progression mieux maîtrisée des dépenses de santé apparaît comme un enjeu majeur. C’est la raison pour laquelle, dans un contexte d’austérité budgétaire et de pression sur les déficits publics, le PLFSS, qui sera voté d’ici la fin de l’année par le Parlement, s’apprête à dresser les grandes mesures de régulation des dépenses de santé pour 2014.

Cet exercice s’annonce difficile alors même que le gouvernement souhaite limiter à 2,4% l’augmentation des dépenses de santé pour l’année 2014 et que l’évolution démographique du pays comme les nouvelles technologies disponibles définissent l’ampleur des besoins.

Les traditionnelles mesures d’économies sur la dépense pharmaceutique (baisse des prix, contrôle des prescription, fiscalité des laboratoires) ont été largement utilisées ces dernières années. Même si d’aucun, comme la CNAM, estiment encore à 2,5 milliards d’euros la marge d’économie réalisable sur le secteur, l’industrie pharmaceutique, en désaccord avec la CNAM sur ce point, souligne la nécessité de cohérence entre une politique volontariste de maintenir le caractère stratégique de l’industrie pharmaceutique et les mesures de régulation des dépenses de santé.
Malgré ses contraintes spécifiques, la France doit rester un pays attractif notamment pour les investissements (la France est le 3è exportateur mondial de médicaments) et l’accès au marché des nouveaux médicaments.