Médicaments sur Internet : comment s’organise la traque contre les faux médicaments ?

Médicaments sur Internet : comment s’organise la traque contre les faux médicaments ?

Un grand coup de filet mondial a été mené au début du mois de juin contre le trafic de faux médicaments. Résultat : 393 suspects arrêtés, plus de 12 millions de faux médicaments saisis et près de 5000 sites internet suspendus. Véritable enjeu de santé publique, la lutte contre la contrefaçon ne faiblit pas, et passe de plus en plus par la traque des sites illicites.

Une grande opération de lutte internationale

Du 30 mai au 7 juin dernier s’est déroulée une grande opération de lutte contre les réseaux de vente illicite de médicaments sur internet. Baptisée Pangea IX, cette opération d’envergure internationale était coordonnée par Interpol, l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD), le Permanent Forum on International Pharmaceutical Crime (PFIPC), le Head of Medecine Agencies Working Group of Enforcement Officers (HMA/WGEO) et a été suivie dans une centaine de pays. Résultat : de nombreuses arrestations et constatations dans le monde entier, ainsi que la saisie de milliers de médicaments potentiellement dangereux.

Faux traitements et produits défectueux

Parmi les produits visés par cette opération de lutte, trois grandes catégories étaient concernées : les produits de santé contrefaits, les médicaments détournés de leur usage initial et vendus comme stupéfiants et enfin les médicaments sans autorisation de mise sur le marché. Au total, ce sont 961 192 produits de santé illicites et plus de 1400 kg de produits de santé qui ont été saisis. Des chiffres très proches de ceux constatés en 2015, alors que la variété des produits interceptés augmente. En effet, les médicaments ne sont pas les seuls concernés : la contrefaçon touche d’autres produits médicaux, comme les tests de grossesse, les préservatifs, les bandelettes de test de diabète, de faux traitements contre le cancer, des tests HIV défectueux, du matériel dentaire contrefait ou des équipements chirurgicaux illégaux… Les services douaniers ont également saisi des produits dopants (stéroïdes, hormones de croissance, etc.) et des crèmes éclaircissantes pour la peau. Les sites de vente de médicaments (pharmacies en ligne et réseaux sociaux) illégaux n’ont pas été épargnés : de nombreuses plateformes de revente de faux médicaments ont également été fermées à l’issue de cette opération de lutte.

Un véritable enjeu de santé publique

L’étude « Cracking Counterfeit Europe 13 » initiée par Pfizer dans 14 pays européens estime à plus de 10,5 milliards d’euros par an le marché parallèle des faux médicaments en Europe. En France, ce marché représenterait près de 1 milliard d’euros. Internet reste un vecteur majeur de la contrefaçon : selon une statistique de l’OMS, la proportion des médicaments contrefaits achetés sur des sites Internet illégaux serait de 50 %. « La contrefaçon donne au risque sanitaire un caractère systémique dans la mesure où elle réduit à néant les efforts de santé publique entrepris par ailleurs (…). Surtout si en plus ces produits contiennent des principes actifs composés de substances dangereuses », rappelle le Leem dans un communiqué.

Comment éviter d’acheter des produits médicaux falsifiés ?

Le Leem (Les Entreprises du médicament) donne quelques conseils aux consommateurs pour éviter d’acheter des contrefaçons : se méfier de toute vente de médicaments sur des sites qui ne sont pas des pharmacies en ligne, se méfier également de tarifs anormalement bas, des sites qui mettent en avant les médicaments dits « de confort » (médicaments destinés à la lutte contre les dysfonctions érectiles et les produits pour maigrir), des plateformes truffées de fautes d’orthographe ou encore de l’absence d’adresse physique.