Medappcare : Les applications de santé ont leur label

Medappcare : Les applications de santé ont leur label

Avec plus de 165 000 applications de santé et bien-être référencées dans le monde, le marché de la e-santé connaît une croissance exponentielle. Comment contrôler et valider le contenu de ces nouveaux services ? Cest la question posée par David Sainati, entrepreneur et docteur en pharmacie, à lorigine de la start-up Medappcare, qui évalue et labellise les applications de santé. Entretien.

Pouvez-vous nous présenter lactivité de Medappcare?

Medappcare est la première société à évaluer et labelliser la qualité des applications mobiles de santé depuis maintenant plus de deux ans. C’est pendant ma thèse qui portait sur la santé connectée que j’ai constaté le vide du côté de la réglementation, alors que le nombre d’applications de santé explosait (20 000 référencées avant 2012, plus de 165 000 recensées en septembre 2015 par IMS Health). Pour labelliser les meilleures applications disponibles sur le marché français, nous nous basons sur un référentiel de plus de 70 critères, autour de quatre grands axes :

– la sécurité des applications (protection contre les virus et comportements malveillants, cryptage des données partagées, etc.)

– la protection des données personnelles (étude juridique des Conditions Générales d’Utilisation, mentions légales et objectif de lapplication)

– la fiabilité médicale : une équipe dune vingtaine de médecins et spécialistes vérifie les sources, la légitimité de l’éditeur, l’adaptation de l’application au public cible, et l’intérêt de l’application.

– l’usage et l’ergonomie.

Quel est le processus pour labelliser une application ?

Ce sont les éditeurs qui viennent vers nous volontairement, afin d’évaluer leur application et dans l’espoir de la faire labelliser. Nous produisons un rapport d’évaluation complet qui leur propose des axes d’amélioration, qu’ils soient éligibles au label ou non. Une fois labellisés, nous continuons à suivre ces éditeurs, qui s’engagent à nous informer de tout changement de version.

Quels sont les bénéfices attendus dun label comme Medappcare ?

Le label permet à l’éditeur de se distinguer sur un marché de plus en plus concurrentiel et d’améliorer son application grâce au rapport d’évaluation détaillé que nous lui remettons.

Pour les industriels du médicament, les groupes de pharmaciens ou les assureurs , Medappcare permet de recommander des applications de qualité à leurs clients ou adhérents, sous forme de plateforme web de recommandation dapplications à la manière dun Appstore en marque blanche.

Pour les patients, le label Medappcare leur permet de s’orienter vers des solutions fiables et sûres.

Pourriez-vous citer quelques exemples d’applications que vous venez de labelliser ?

L’application « MonPso » du Laboratoire LEO Pharma permet au patient atteint de psoriasis de suivre l’évolution de sa maladie en prenant des photos, de noter les complications et effets du traitement, pour les partager ensuite avec son médecin lors des consultations. Ceci permet d’adapter les traitements et den favoriser le bon usage.

https://itunes.apple.com/fr/app/monpso/id921610497?mt=8

L’URPS Pharmaciens Ile-de-France a lancé « Mon Pharmacien », une application qui permet de géolocaliser les pharmacies ouvertes à Paris.

https://itunes.apple.com/fr/app/mon-pharmacien/id579611812?mt=8

Giropharm, groupement de pharmaciens, a créé une application de santé pour les enfants : « Le rhume de Lili ». Sous la forme d’une bande dessinée animée, l’enfant est sensibilisé à la prévention du rhume.

https://itunes.apple.com/fr/app/le-rhume-de-lili/id690075404?mt=8

Ces trois applications ont été récemment labellisées par Medappcare.

Quel est l’impact selon vous des applications mobiles de santé sur la relation patients/professionnels de santé ?

Beaucoup d’applications concernent l’observance, un axe de développement majeur de la santé connectée : elles permettent de mieux suivre un traitement, de comprendre son impact et de l’évaluer. Des outils aussi simples que le rappel de la prise de traitement ont fait leurs preuves. Ils permettent aux professionnels de santé de mieux suivre les patients entre les rendez-vous, d’espacer les consultations voire d’instaurer un suivi à distance. Finalement, cela enrichit la relation et les discussions : le patient communique mieux sur sa maladie et son évolution.

Vous rencontrez les laboratoires pharmaceutiques. Quels sont leurs principaux besoins en santé connectée ?

Les laboratoires sont parmi les premiers éditeurs d’applications de santé. Ils doivent innover et offrir des services autour du médicament. Ils ont besoin de s’informer sur le marché de la santé connectée pour trouver comment se positionner et y apporter de la valeur. Nous intervenons auprès d’eux en tant que formateur en interne pour sensibiliser au digital ou à la réglementation et en tant que conseiller en innovation santé. Nous menons une réflexion stratégique en amont (enjeux réglementaires, modèles économiques, usages) mais ne concevons ni ne développons les services avec eux.

Quel regard portez-vous plus globalement sur la transformation numérique de l’industrie pharmaceutique?

Les laboratoires sont conscients des enjeux du numérique, mais la transformation est difficile car il ne s’agit pas de leur cœur de métier ni d’une priorité historique. Ils sont de plus en plus demandeurs de formation, de conseil et de labellisation. Leur réflexion porte sur la création d’applications et de services pérennes et utiles, qui permettent aux professionnels et aux patients de communiquer entre eux et qui soient un vrai support au traitement.