« Si le déremboursement des médicaments produit des économies immédiates, son efficacité sur le long terme pose question. »
Dans son étude parue cet été, l’Irdes (l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé) a évalué l’impact des déremboursements des médicaments en France entre 2002 et 2011 et met en lumière les effets pervers de cette politique. Pour elle, les déremboursements devraient s’appuyer à l’avenir sur des outils de pilotage qui permettraient « d’anticiper et de suivre l’impact des futures sorties du panier remboursable. »
Dérembourser pour réaliser des économies.
Suite à la l’augmentation continue des dépenses pharmaceutiques sur la période 2002-2011 les pouvoirs publics on décidé de dérembourser 369 médicaments à SMR insuffisants pour réaliser des économies.
Résultats immédiats : une baisse de la prescription et une augmentation des prix.
Dans son étude, l’Irdes constate qu’après le déremboursement d’un médicament, les médecins diminuent presque immédiatement sa prescription, entraînant une baisse des ventes des médicaments concernés. En effet l’automédication ne compense que partiellement la baisse des prescriptions. Selon l’étude de l’Irdes, ces médicaments déremboursés augmentent alors leur prix en moyenne de 43%.
Effet inattendu : report de la prescription vers un autre traitement de substitution
L’Irdes met en lumière un effet imprévu du déremboursement à savoir le report de la prescription médicale vers des médicaments encore remboursés, ce qui limite les économies possibles pour l’assurance maladie si ce produit est plus onéreux. Ce résultat peut également avoir un effet inadéquat en terme de santé publique, le report pouvant être fait sur des médicaments de substitution dont l’effet thérapeutique est différent de celui du médicament déremboursé. L’institut de recherche prend comme exemple le report de la prescription des mucolytiques sur les antitussifs.
Pour pallier à ces effets inattendus l’Irdes propose de mettre en place de nouveaux outils de prévision et de pilotage.
Outre la veille sur les expériences faîtes dans d’autres pays, l’Irdes pointe l’intérêt d’une identification en amont des traitements susceptibles d’être déremboursés.
D’autre part elle préconise la mise en place d’outils de pilotage et de tableaux de bord pour anticiper les impacts des processus de déremboursement et pour permettre si besoin des actions correctrices. En parallèle l’Irdes met en valeur l’intérêt d’un accompagnement des professionnels et des patients.
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