Le pénible démarrage des ventes en ligne de médicaments

Un an que les pharmaciens sont autorisés à vendre des médicaments non soumis à prescription sur internet… Pourtant, à ce jour, les ventes peinent à décoller. Selon un récent sondage Ifop, seulement 4% des Français ont déjà commandé un produit de santé sur la Toile. Malgré tout, les réticences commencent à s’estomper puisque 30% de la population se dit prête à passer le pas, contre à peine 13% en 2012…

Comment peut-on tenter d’expliquer ce pénible envol ?

Tout d’abord, même si la demande devient, petit à petit, croissante, il y a peu d’offre. Seules 99 officines  – sur 22 100 – ont créé leur plateforme virtuelle, selon le recensement établi sur le site de l’Ordre des pharmaciens. La commercialisation de médicaments sur internet représente ainsi moins de 0,1% du marché de l’automédication, avance le cabinet d’études Celtipharm (contre 8% en Allemagne ou au Royaume-Uni).

Créer son site représente un coût non-négligeable : de 10 000 à 20 000 euros. Sans oublier la maintenance et l’hébergement agréé de données de santé qui ajoutent de 270 à plus de 400 euros chaque mois. Pour réduire ces coûts, certaines sociétés proposent des formules de sites web où tout est compris, à partir de 128 euros par mois ; c’est le cas de pharmadomicile.fr.

Néanmoins, d’une manière générale, proposer un site de vente en ligne de médicaments n’implique pas forcément un accroissement considérable du chiffre d’affaires… Les officines doivent plutôt considérer ce nouvel outil comme un atout de plus. « Pour les pharmaciens, cela représente un service supplémentaire. Cela peut leur permettre de fidéliser certains clients qu’ils n’auraient pas touchés avec leur simple officine physique », explique Charles Rabiller, le fondateur de Pharmadomicile.

Outre le frein financier, la réticence des pharmacies à s’installer sur la Toile pourrait aussi résulter de la complexité administrative liée au dossier de création d’une officine en ligne. Avant d’ouvrir un site, les pharmaciens doivent obtenir l’autorisation de l’Agence régionale de santé (ARS) de leur secteur. Autre contrainte de taille : leur plateforme doit aussi dépendre d’un hébergeur agréé de données de santé.

En sus de ces prérequis, les Agences Régionales de Santé imposent désormais à l’hébergeur de données de santé un agrément spécifique supplémentaire. « Cela n’était pas du tout prévu par le décret, à l’origine », commente Charles Rabiller. Cette complexité administrative de plus entraîne actuellement, selon Les Echos, le blocage d’une quarantaine de dossiers.

Vers une amélioration ?

Mais pour certaines officines (de taille importante) cela commence à bien marcher. C’est le cas, par exemple de la Grande pharmacie des sports, à Paris. Parmi les pionnières en France, elle a lancé son site cet été, une période où les dossiers étaient un peu moins compliqués à monter…

En tout, sa plateforme en ligne mobilise deux personnes à plein temps, plus trois autres de façon intermittente. « Cela a bien décollé, même si c’est encore le début », précise Thibault Wuhrlin, le fondateur du site qui traite entre 30 et 60 commandes chaque jour, surtout à destination de la province. La vente de médicaments sur internet représente déjà près de 10% du chiffre d’affaires de l’officine.

Pour Charles Rabiller, il existe, aujourd’hui, un véritable potentiel pour l’achat de produits de santé sur le net : « On arrivera à développer ce business quand on aura fait une vraie campagne nationale pour informer les gens que ces outils existent. Je pense que ça va prendre du temps, mais ça va se débloquer ».

Reste tout de même que les syndicats de pharmaciens sont plutôt réticents à la vente en ligne de médicaments comme l’indique l’Union nationale des Pharmaciens de France sur son site : «  L’UNPF confirme son opposition à la vente des médicaments par Internet, rappelant le rôle de conseil du pharmacien, ainsi que le risque majoré lié à la prise de médicaments contrefaits ».

Retrouvez la liste des sites autorisés pour la vente en ligne de médicaments en cliquant ici.

 

Source : http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/grande-consommation/actu/0203317948520-medicaments-pourquoi-la-vente-sur-internet-ne-decolle-pas-650677.php

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