Pascal Brossard, membre du CRIP, est président de L’AFIPA (l’association regroupant la quasi-totalité des laboratoires pharmaceutiques impliqués dans l’automédication – ou médication familiale, médication officinale). Sous ce titre provocateur, l’AFIPA a, lors d’une conférence de presse début octobre 2012 puis lors du 2ème forum sur l’automédication qui réunissait plus de 200 personnes, publié une étude très intéressante sur le système de soins.
Cette étude déclarative réalisée par CELTIPHARM sur 250 médecins généralistes, sur 72 centres d’urgence et sur près de 1000 patients apportent des chiffres très étonnants qui ne peuvent laisser indifférentes nos autorités politiques et administratives.
Si l’automédication venait à reculer de 10% en France ( l’ANSM est en train de relister des produits auparavant en vente libre), les médecins généralistes seraient obligés de travailler 5H45min ( soit 16 consultations) de plus chaque semaine ce qui est matériellement impossible puisque 49 % d’entre eux déclarent ne pas pouvoir répondre aux demandes de consultation de leurs patients. Parmi ces 49 %, 11 % déclarent envoyer ces patients aux services d’urgences. Dans le même temps, les services d’urgences interrogés déclarent que 28% des patients consultants, viennent aux urgences car ils n’ont pas pu obtenir de rendez vous chez leur médecin généraliste. Une baisse de 10% de l’automédication entrainerait donc selon cette étude un désordre considérable au niveau des urgences et des médecins généralistes sans compter le surcoût pour la sécurité sociale.
A l’opposé, le délistage de 29 molécules dans 15 pathologies différentes entrainerait une réduction de l’activité des médecins généralistes de 17 consultations par semaine ; ainsi ce temps libéré permettrait aux médecins généralistes de consulter les patients qu’ils ne peuvent pas recevoir et par ricochet d’alléger la charge des urgences aujourd’hui saturées à 108% selon les urgentistes interrogés.
Par ailleurs l’AFIPA rappelle que le délistage de ces 29 molécules déjà délistées dans au moins un autre pays comparable pourrait entrainer une économie pour la sécurité sociale du même ordre de grandeur que l’effort -qu’elle qualifie de démesuré- demandé à l’industrie dans le cadre du PLFSS 2013.
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