Emplois en berne

L’emploi dans l’industrie pharmaceutique passe sous les 100.000 salariés. Un chiffre qui alarme le secteur…

Quelles sont les tendances pour l’emploi dans le secteur pharmaceutique ? Elles ne sont pas très réjouissantes, selon Pascal Le Guyader, directeur des affaires générales, industrielles et sociales du Leem. Le syndicat des entreprises du médicament a publié fin novembre son troisième « baromètre de l’emploi ».

Une baisse de 3,3 % en dix ans. Voici le bilan affiché par l’industrie pharmaceutique en matière d’emploi. Le secteur embauchait encore plus de cent mille salariés l’an dernier, mais les effectifs devraient s’établir cette année sous la barre des 99 000 emplois, soit un repli de 2,1 % pour 2013. L’année aura vu pas moins de vingt-six plans sociaux en France. Une raison suffisante de s’inquiéter, affirment les experts, car Big Pharma restait jusqu’à présent l’une des seules industries à ne pas connaître de réduction d’effectifs majeure avant 2008. Mais l’industrie est rattrapée par les mêmes maux que ceux qui ont frappé les autres secteurs de l’économie depuis cinq ans.

La nouveauté de l’année, ce sont les corps de métiers concernés par la situation. En effet, c’est la première fois que les emplois dans le domaine de la production et de la recherche-développement sont affectés. Ils chutent respectivement de -0,9 % pour les premiers et de -2,9 % pour les seconds. Des « signaux inquiétants » pour Pascal Le Guyader, car « la R&D soutient l’activité et soutient la production », rappelle-t-il. Elle concerne aujourd’hui 14 % des emplois, alors que la production représente 42 % des effectifs. Mais une tendance à la baisse sur la R&D se répercute nécessairement sur toute la chaine et sur le niveau d’activité, estime le Leem. Quant à la situation de la production, elle s’explique par le fait que de nombreux brevets sont passés dans le domaine public, puisque le déferlement des génériques se traduit par un effondrement des volumes pour les laboratoires. La débâcle n’est pas aussi spectaculaire que l’avait prévu le cabinet de conseil Arthur D. Little il y a six ans, mais elle reste néanmoins préoccupante.

Pour le Leem, toutefois, la principale cause de la baisse des effectifs se situe du côté des pouvoirs publics. « Nos entreprises subissent de plein fouet les conséquences de trois ans d’alourdissement de la régulation, d’intensification de la pression fiscale, et de ralentissement de l’accès au marché des médicaments, commente Patrick Errard, président du Leem. Ces données sur l’emploi rejoignent d’autres paramètres préoccupants, comme le recul de 44 % des investissements productifs réalisés ces quatre dernières années. Plus qu’une simple tendance, il s’agit là d’un mouvement de fond qui doit sérieusement alerter les pouvoirs publics. »

Tout n’est pas encore perdu. Le Leem identifie en effet une série de mesure, 44 exactement, afin de renverser la tendance. Entre autres, un logo « Europe » qui permettrait de distinguer les médicaments en fonction de leur lieu de production, dans l’espoir que les consommateurs privilégient ceux fabriqués sur le continent. Autre proposition, un contrat unique de recherche qui se traduirait par une simplification administrative et qui devrait encourager la signature de contrats entre acteurs, qu’ils soient publics ou privés. Ainsi, si de nouveaux leviers de croissance sont trouvés, l’embellie atteindrait aussi l’emploi.

Concernant les biotechnologies, encore émergentes, le Leem appelle les pouvoirs publics à rester vigilants pour que la France demeure attractive. Autrement dit, à ne pas appliquer une et taxation rédhibitoire afin que l’industrie pharmaceutique puisse rester compétitive sur le plan technologique.  A l’heure actuelle, les charges qui pèsent sur les laboratoires pharmaceutiques figurent parmi les plus élevées d’Europe, si bien que le fossé se creuse avec les autres pays, notamment la Grande-Bretagne, l’Irlande et la Suisse. Enfin, pour le Leem, il est important de miser sur la formation pour « accompagner la mutation structurelle » du secteur de l’industrie pharmaceutique !

Sources

Le baromètre du Leem : http://www.leem.org/nombre-de-salaries-des-entreprises-du-medicament-passera-sous-barre-des-100-000-personnes-fin-2013