E-santé et génétique : quand les GAFA s’emparent de notre ADN
Les géants du Web que sont Google, Apple, Facebook et Amazon (GAFA) investissent massivement dans le secteur de la médecine prédictive, forts de leur position dominante en matière d’hébergement de données sur le génome humain. Un mélange des genres qui fait de notre ADN un produit convoité.
Les progrès du séquençage du génome humain laissent présager de grandes avancées pour la recherche médicale. Grâce à la connaissance de l’ADN, certaines maladies pourraient être détectées avant même de se déclarer. Pas question donc pour les mastodontes du Web de rester à l’écart de cette révolution scientifique : Google, Apple, Facebook ou Amazon investissent massivement dans la génétique pour devenir des acteurs incontournables de la médecine prédictive. Comment ? En dépassant largement leur rôle d’hébergeurs de données pour organiser la collecte des ADN de leurs utilisateurs, les mettre à disposition des chercheurs via des plateformes dédiées, voire commercialiser des outils de diagnostic…
Une stratégie offensive pour libérer l’ADN
C’est par le biais de sa société 23andme que Google s’est fait une place de choix dans le secteur de la génomique. Cette filiale commercialise en ligne des tests de salive capables de détecter le pourcentage de risques de développer certaines maladies et les mutations génétiques transmissibles à la descendance, comme la mucoviscidose. Contrainte par la FDA (Food and Drug Administration) de cesser son activité en 2013, 23andme a été de nouveau autorisée à distribuer ses kits d’analyse d’ADN en octobre 2015, avec un catalogue de pathologies limitées. La société disposerait déjà d’une base de données de plus d’un million d’ADN. Du côté de Facebook, la collecte a pris la forme d’une enquête baptisée « Gene for Good » : 5000 échantillons de salive ont été récoltés auprès d’utilisateurs volontaires pour être étudiés et suivis par l’université du Michigan.
Des acteurs devenus indispensables pour la recherche
Un génome humain équivaut à une centaine de gigaoctets de données brutes, soit des volumes que seuls les GAFA sont aujourd’hui capables de stocker. C’est ainsi aux plateformes Amazon Web Service et Google Genomics que l’Institut national du cancer américain va confier les données de son « Atlas du génome du cancer » pour 18 millions d’euros. Sur ces plateformes, les chercheurs pourront calculer, analyser et partager des données sur l’ADN. Par ailleurs, certains grands laboratoires pharmaceutiques sont déjà clients de ces banques de données génomiques, précieuses pour la recherche médicamenteuse.
Si la médecine prédictive doit bouleverser la science au XXIeme siècle, il ne fait aucun doute que les géants du Web seront de la partie.
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