Allergies et observance : le patient doit être impliqué dans son traitement

Allergies et observance : le patient doit être impliqué dans son traitement

Alors quen 20 ans le nombre de personnes atteintes dallergies a été multiplié par deux et que lOMS estime quen 2050, c’est 50 % de la population mondiale qui sera affectée par une maladie allergique, les chiffres de lobservance sont critiques avec seulement 30% des patients qui suivent leur traitement. Comment améliorer la prise en charge et l’éducation thérapeutique de ces malades ? Réponses avec Yves Magar, allergologue et pneumologue au sein du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph.

Seulement 30% des adultes atteints dallergies suivent leur traitement. Comment expliquer ce chiffre très bas ?

C’est un chiffre que l’on retrouve dans les maladies chroniques en général : l’adhésion au traitement n’est malheureusement pas excellente dans le cadre de ces pathologies. Cette faible observance est due à plusieurs facteurs comme la lassitude des patients et la tendance naturelle à arrêter le traitement dès que la situation s’améliore. Les allergies sont des phénomènes variables dans le temps et les patients ont tendance à adapter leur traitement et ne pas le prendre de manière régulière. Dans le cadre des allergies respiratoires et de l’asthme, les gens se soignent quand ils sont gênés : or lorsqu’ils arrêtent leur traitement, ils perdent la dimension de prévention, pourtant essentielle, qui permet de prévenir l’apparition des symptômes.

Les patients nont donc pas conscience de limportance du rôle préventif de leur traitement ?

Non, je pense en effet que c’est un aspect du traitement souvent oublié. Les patients se soignent de manière intuitive : je ne vais pas bien, je prends mes médicaments, et quand je vais mieux j’arrête. La question de l’éducation thérapeutique se pose alors : il faut bien expliquer aux patients que les traitements sont au long cours.

Au-delà de cette méconnaissance, d’autres phénomènes peuvent expliquer la faible observance des traitements, comme l’oubli ou la crainte des médicaments et de leurs potentiels effets secondaires.

Comment améliorer la prise en charge et l’éducation thérapeutique des patients atteints dallergies ?

Il faut dans un premier temps essayer d’identifier les craintes, vérifier s’il y a des obstacles chez le patient et lever ses peurs. Deuxièmement, il faut bien expliquer l’intérêt de chaque médicament : pourquoi on le prend, quelles sont les modalités de prise (par exemple pour les médicaments inhalés dans le traitement de l’asthme). Mais la meilleure façon d’impliquer le patient et d’améliorer l’observance c’est de décider ensemble du parcours de soin et de l’impliquer dans la stratégie thérapeutique. En discutant avec le patient, en mettant toutes les questions sur la table (éviction des allergènes, thérapeutiques médicamenteuses, désensibilisation…) et en faisant équipe avec lui, il sera plus impliqué dans son traitement.

Comment aider le patient à adopter les bons réflexes ?

Il y a plusieurs techniques : inviter le patient à s’impliquer dans le choix du traitement, mettre en place une auto-évaluation, avec par exemple un carnet pour noter son score de symptômes, afin d’autocontrôler sa maladie… Et puis je conseille d’intégrer le traitement dans des routines quotidiennes : en prenant ses médicaments tous les matins par exemple et en les rangeant à côté de sa brosse à dent pour ne pas les oublier.

Sources chiffres : association Asthme & Allergies http://asthme-allergies.org